dimanche 29 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (4)

Libérer le corps

Le plaisir du corps est réservé
aux mâles. Il faut attendre 1928
pour voir des femmes courir
sur les pistes du stade
(cf. Le Prix d'un clou)
Derrière le pari de la paix par le sport, il y a, dans la pensée de Coubertin, la conviction intime que le sport - "l'athlétisme" - exalte des valeurs humaines, humanistes, aux antipodes de considérations matérielles et intéressées ; des valeurs qui seraient, en revanche, portées haut par les amateurs. Aucune démonstration ne vient, au fond, étayer cette croyance. Est-ce nécessaire ? L'idée paraît naturelle et à la portée de tous. Mais cette simplicité peut aussi la desservir et la faire passer pour un postulat, un parti pris irrationnel et contingent, une posture religieuse, idéologique et altérable. C'est peut-être en partie pour cela qu'elle subira des assauts réguliers de la part de personnes ou d'institutions d'influence, réalistes, modernistes ou à l'esprit mercantile, avant de définitivement céder entre 1988 et 1992.

Coubertin veut réhabiliter un corps discrédité, méprisé par les siècles intellectuels. Réhabiliter surtout le plaisir physique, celui, sain et simple, de cultiver le corps, de transpirer, de courir, jeter, sauter... Dans un second discours prononcé à la Sorbonne en 1894, il énonce : "les uns ont vu l'entraînement pour la défense de la patrie, les autres, la recherche de la beauté physique et de la santé, par le suave équilibre de l'âme et du corps, les autres enfin, cette saine ivresse du sang qu'on a dénommé joie de vivre et qui n'existe nulle part aussi intense et aussi exquise que dans l'exercice du corps". C'est cette excitation et cette extase qui motivent le rétablissement des Jeux et l'on comprend mieux, dès lors, que l'esprit "coubertiniste" qui anime ce projet répugne a priori à s'embarrasser de basses questions d'argent.

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