vendredi 5 octobre 2012

Du beurre dans les escargots

Un drame écologico-sportif secoue l'arrière-pays breton, réveillant la vieille rivalité entre Brest et Quimper. Figurez-vous que la première ville veut se doter d'un centre de formation flambant neuf pour s'installer et grandir en Ligue 1 et que son projet à 10 millions d'euros menace, dans leur existence même, quelques-uns des placides "porte-drapeau" de la seconde.

L'escargot tranquille !

L'ambition brestoise se heurte en effet à des textes nationaux et européens protégeant l'escargot de Quimper qui a établi ses quartiers sur le territoire de la commune de Plougastel-Daoulas (ne lui demandez pas de déménager, cela prendrait trop de temps...). L'association de défense de l'environnement "Bretagne vivante" a aussitôt levé son bouclier en engageant d'abord un huissier pour faire constater l'existence des gastéropodes sur le site choisi, puis un recours devant le tribunal administratif contre la décision publique de lancer les opérations. Les uns réclament une nouvelle enquête, qui ne pourrait être menée qu'au printemps prochain, au sortir de l'hibernation des petites bêtes. Les autres repoussent catégoriquement cette exigence et toute idée de retard dans la livraison du centre.

Les positions se crispent, comme toujours. Le Stade brestois, appuyé par de nombreux acteurs locaux (élus, entreprises, supporters...), plaide la bonne foi et son amour de la Bretagne, le camp d'en face conteste l'intérêt général... Quant aux escargots, au nom desquels l'homme parle, rien ne les protège physiquement de la main de quelque individu passionné de ballon rond - ou de son pied. Gare donc à ces illuminés, drôles au départ, qui veulent maintenant "aider les escargots à trouver la sortie" - quitte à le faire podo militari.

lundi 1 octobre 2012

Captain



Petit hommage à un mec dont la philosophie de vie ne se raconte pas, mais s'observe sur cette séquence.

D'accord, la MLS américaine ne produit pas ce qui se fait de mieux en matière de défense - on manque désespérément de culture tactique et de sens du placement au pays de l'Oncle Sam... Mais on n'oublie pas que Thierry Henry court toujours à la surface du globe. Il court un peu moins vite sans doute, mais il réalise des matchs pleins en s'amusant. Il renoue ainsi avec ceux qui pensent que le sport, c'est d'abord prendre du plaisir.

Soit dit en passant, il y a amusement et amusement : j'ai beau prendre mon pied dans mon jardin avec un ballon de plage et me tordre au passage quelque cheville, d'autres ont un talent qu'ils n'ont pas besoin de forcer et qui leur collera à jamais aux semelles.

mardi 21 août 2012

Un PSG peut en cacher un autre

Mikkel Hansen !...
Mikkel Hansen, nom d'une pipe !
L'air de rien, un autre PSG est en train de prendre vie en marge de celui qui monopolise l'attention. Rares sont ceux qui ont noté la mini-révolution "à fragmentation" qui a bouleversé le handball français. En juin dernier, à l'occasion de son rachat par le même fonds qatari qui a investi au Parc des princes, le club de Paris handball a été rebaptisé "Paris-Saint-Germain Handball" ; l'opération du cheikh al-Thani poursuit donc bien une ambition globale : faire de la capitale la capitale du foot et du hand européen (la refonte du site du PSG Handball façon "blockbuster US" en dit long sur leur maîtrise du marketing).

Le changement de forme s'accompagne d'un changement de fond, effectué non à coups de millions, mais de centaines de milliers d'euros - ce n'est que du handball : l'équipe new look qui va démarrer la saison mi-septembre pourrait remporter la Ligue des champions dès cette année... si seulement elle était inscrite dans la compétition : coach Gardent a été arraché à Chambéry, Luc Abalo et Didier Dinart ont plaqué l'Atlético (ex-Ciudad Real), Samuel Honrubia, le nouveau feu follet champion olympique, marche dans les pas de l'ancien Montpelliérain Mladen Bojinovic, l'épais pivot Gunnarsson est prêt à se visser dans les défenses hexagonales et et et... Mikkel Hansen, considéré comme le meilleur joueur du monde depuis une certaine finale du Mondial 2011, va promener son fameux bandeau en France - rendez-vous compte : c'est un peu comme si je vous annonçais que Cristiano Ronaldo allait, un jour, jouer contre Troyes, Ajaccio, Nancy...

On pensait que Montpellier (avec ses frères Karabatic et son mur Accambray) était le seul club à pouvoir rivaliser en Europe avec les plus grands (Barcelone, Atlético, Kiel, Rhein-Neckar Löwen...). Il a trouvé adversaire à sa taille à l'intérieur des frontières françaises. Ca promet...

vendredi 3 août 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (9)

Feu l'amateurisme ?

Le pré-retraité Larry Bird,
forme avec Michael Jordan et Earvin Johnson
le 3e élément de LA Dream Team,
médaillée d'or à Barcelone en 1992.
On ne peut contre la récupération économique des Jeux la même chose que contre leur récupération politique : rien. Les exclusions de Thorpe, mais aussi du coureur de fond Nurmi ou de l'Autrichien Schranz appartiennent bientôt au passé avec l'arrivée à la tête du CIO, en 1981, de Juan Antonio Samaranch, autre figure historique de l'Olympisme qui a juré d'ouvrir les portes des Jeux à tous les sportifs. C'est ainsi qu'une première page sera tournée en 1984 (le football français, qui monte pour la première fois sur la plus haute marche d'un podium international, lui doit énormément).

L'évolution sera progressive et continue (tennis en 1988, basket en 1992, cyclisme en 1996, etc.) et la Charte fera l'objet d'un lifting de forme et de fond pendant l'été 1991. Une nouvelle Règle 45 en résultera, qui régira les conditions d'admission des sportifs en lieu et place de l'ancienne Règle 26 (désormais, la Charte n'interdit que l'exploitation "à des fins publicitaires durant les Jeux Olympiques" de la personne, du nom, de l'image ou des performances du sportif). Faut-il la regretter ? Je ne le crois pas. Imposer l'amateurisme n'est pas indispensable si l'on considère que les Jeux sont, avant tout, la fête de tous les sports. Cela n'aurait aucun sens, sauf à considérer que la professionnalisation du sport est le fait du CIO ou que celui-ci l'encourage. Or, si l'on dénonce parfois les primes reçues par les médaillés, on ignore souvent qu'elles sont versées par les fédérations nationales et non par le CIO. Les Jeux vivent avec leur temps et le CIO, opportuniste, trouve dans cette nouvelle manne que représentent les équipementiers et les sponsors en tous genres des sources de financement qui les font vivre.

La rupture "politique" de 1981 n'a pas mis fin à l'amateurisme (la boxe persiste ainsi à envoyer des "amateurs", habitués à de modestes cachets pour leur combat). Les plus belles pages de l'histoire contemporaine des Jeux sont souvent écrites par des inconnus qui en font tous les 4 ans la légende (d'Eric Moussambani à triple champion olympique Tony Estanguet, en passant par Alain Mimoun ou, plus récemment, Hamadou Djibo Issaka). Mais sans l'ouverture, on ne nous aurait jamais offert la Dream Team... Il ne faut pas se tromper de cible. Ce sont les tricheries qui sont insupportables, la corruption, le dopage, l'absence de fair play. Ici comme ailleurs, ce sont aussi les excès, voire les dérives de la marchandisation du sport (les Jeux d'Atlanta sont souvent rebaptisés "Jeux de Coca-cola"). Qu'un athlète, au sens large, vive aujourd'hui de son sport ne me choque pas ; il n'y a que la démesure des contrats et des rémunérations qui me heurte. Quant à interdire par principe l'accès à cette fête mondiale sous le seul prétexte d'un statut professionnel, c'est une autre histoire.

mercredi 1 août 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (8)

Un divorce et des tricheries

Jules Ladoumègue,
coureur de fond,
vice-champion olympique
du 1 500 m (1928)
et multi-recordman du monde
de la distance
(1906-1973) 
A la fin des années 60, un mouvement d'économisation transforme le monde et il aurait fallu plus qu'une volonté de fer pour résister à celle du sport qui eut irrémédiablement lieu. Creuset de passions et d'émotions, le sport a, en effet, assez vite intéressé divers acteurs qui voyaient, dans les performances et l'image des garçons en short et des filles en collant, de belles perspectives de retour sur investissement - ce d'autant que les valeurs du sport sont de belles valeurs qui suscitent facilement l'adhésion de masse. La vague aurait d'ailleurs touché très vite l'olympisme si elle n'était pas vouée à s'écraser d'abord contre la fameuse règle 26 de la Charte. Aussi, comme la mer qui finit par contourner le château de sable avant de le recouvrir, une pratique se développe, qui ne sauve que les apparences : l'amateurisme marron, qui voit s'engager dans diverses disciplines des sportifs amateurs sur le papier, mais illégalement rémunérés.

Les champions de cette tricherie seront, notamment aux jeux de Moscou (1980), les pays de l'ancien bloc soviétique, pour qui une moisson réussie de médailles olympiques symbolise la supériorité de l'idéologie communiste. Mais, au-delà de ces petits calculs politiques, une partie de l'opinion publique elle-même finit par ne plus adhérer à l'idéal olympique ou, du moins, à ne plus comprendre son inflexibilité : le peuple veut voir ses champions, vibrer et se mesurer aux autres par procuration ; peu importe que ces champions soient de simples coureurs du dimanche ou des sur-hommes préparés et grassement primés. La radiation, en 1932, de Jules Ladoumègue, recordman incontesté du 1 500 mètres, ne provoquera-t-elle pas le désaveu des Parisiens, venus manifester un soutien public massif au coureur de fond ?

Ainsi l'amateurisme marron se trouve-t-il finalement honni par le CIO et pardonné par tous.

mardi 31 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (7)

L'autre olympisme de Maheu

René Maheu,
directeur de l'UNESCO,
dénonce une forme d'imposture,
le mensonge et le travestissement
de l'esprit des Jeux - faisant au passage
habilement parler les morts
puisqu'il se dit certain
que le baron Pierre de Coubertin,
homme à l'"étonnante liberté intellectuelle",
n'aurait pas hésité
à engager cette "révision courageuse"
des règles d'admission aux JO

La posture quasi chevaleresque du CIO annonce déjà le virage que va prendre le mouvement olympique au sortir des années 80 ; dernier raidissement avant un relâchement inéluctable. La chose olympique finira par échapper à ses maîtres sous les coups répétés de personnalités imperméables à un idéal vieillot et décalé. Le tournant sera marqué par l'assaut mené par un adversaire de taille : l'UNESCO.

Le Français René Maheu, son directeur général, jette un pavé dans la mare olympique en 1963 en défendant la "démocratisation du sport" : "le champion est nécessaire au sport (...). Si l'amateurisme est la vérité de la masse sportive, l'imposer à l'élite est sauf exceptions qui confirment la règle condamner cette élite au mensonge. Sur ce point, les conceptions éthiques de Pierre de Coubertin se réfèrent à un état de la société et à un stade technique du sport, dont il faut avoir l'honnêteté de reconnaître qu'ils sont dépassés (...). Aujourd'hui, le champion ne peut pratiquement sortir de la masse sportive que par un régime spécial qui en fait un athlète d'Etat, ou un athlète d'université, ou un athlète de société commerciale. Au sens strict du terme, ce n'est plus un amateur. Pourquoi tant hésiter à reconnaître que c'est un professionnel ? Est-ce que l'artiste le peintre, le musicien, l'écrivain est disqualifié pour toucher des honoraires ? Pourquoi l'argent (ou tels avantages matériels équivalents) souillerait-il les seuls champions sportifs, quand il ne souille pas les poètes eux-mêmes ? En réalité, ce qui souille, c'est le mensonge ; et il est grand temps, à mon sens, de dire les choses telles que tout le monde sait qu'elles sont, à savoir que les normes périmées de l'amateurisme ne font plus, au mieux, l'objet, de la part de la majorité des champions et apprentis champions, que d'une observance formaliste".

En dépit des réactions passionnées que la déclaration suscite, la thèse de l'amateurisme marron sonnera le glas de l'amateurisme "sourcilleux".

lundi 30 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (6)

"Nul n’est autorisé à tirer profit des Jeux Olympiques"

Avery Brundage,
ancien président du CIO,
gardien inflexible de l'olympisme
et de sa valeur "amateurisme"
(1962)
Quoi qu'il en soit de la bonne définition du sport, la règle de l'amateurisme a été voulue comme essentielle, intrinsèque aux Jeux, et elle est, dans la Charte, un principe somme toute beau et défendable. Régulièrement remise en cause depuis la fin de la seconde Guerre, la règle 26 a été mise à l'ordre du jour de la 59e session du CIO (Moscou, 1962). Il en est résulté l'adoption d'une "loi d'application", sorte de guide d'interprétation officielle.

Le texte rappelle tout d'abord qu'"un amateur est celui qui s'adonne et s'est toujours adonné à la pratique du sport par goût et par diversion, sans en tirer aucun profit matériel quel qu'il soit". Puis, il indique une série de cas dans lesquels le sportif doit être considéré comme professionnel et interdit de Jeux. Y figurent le sportif qui, sans l'autorisation de sa fédération sportive, a reçu un prix d'une valeur supérieure à 50 $, celui qui a "monnayé de quelque manière que ce soit" son renom athlétique, par exemple en apparaissant dans une émission de radio ou de télévision ou, encore, celui qui a interrompu ses études ou son travail "pour participer à un camp spécial d'entraînement d'une durée excédant 3 semaines". Sauf rares exceptions (journaliste sportif professionnel, sportif dont la perte de revenu plonge sa famille dans la difficulté, fourniture d'équipements...), toute forme de rémunération ou de remboursement du salaire perdu constitue donc une infraction à la Charte.

"Les Jeux reposent sur ces solides et splendides fondations et tous ces collaborateurs bénévoles sont déterminés à empêcher qui que ce soit, aussi bien les individus que les organisations et les gouvernements à en tirer un profit d'ordre personnel, politique ou commercial".

Jeux interdits aux amateurs ? (5)

Un olympisme moderne à contre-courant

Avery Brundage,
ancien décathlonien non médaillé
(Jim Thorpe était passé par là en 1912),
devenu président du CIO
(1952-1972)
La thèse - fervente - de Coubertin n'est pas acquise à l'époque où le baron cherche à l'inoculer dans la société européenne. En effet, en France, dès le XVIe siècle, sport et amateurisme ne vont pas forcément de pair et l'on croise par exemple des professionnels du jeu de paume, dont les gains sont fiscalement assimilés à des salaires. Outre-Manche, au XIXe siècle, des primes sont versées aux vainqueurs des tournois de golf et le football se professionnalise par petits pas en Europe : les joueurs, qui occupent par ailleurs un emploi salarié, reçoivent d'abord une indemnité d'interruption de travail lorsqu'ils prennent part à une compétition nationale ou internationale ; puis lorsqu'ils partent s'entraîner sur les pelouses ; puis lorsqu'ils fréquentent les salles de musculation ; puis... jusqu'à percevoir une indemnité forfaitaire mensuelle.

Chez les pro-amateurisme, cet état de fait est insupportable. Avery Brundage comptera parmi les combattants les plus virulents de cette dérive. Il écrit en 1954 : "d’après le dictionnaire, le sport est un passe-temps et un délassement. Il est un jeu, une action pour se divertir. Il est l’opposé du travail. Il est libre, spontané, joyeux. C’est une activité de récréation. Dès l’instant où il devient quoi que ce soit de plus, ce n’est plus du sport : c’est un travail, un métier. Le sport, s’il est vraiment du sport, est purement accessoire et il ne dérange pas le métier ou le gagne-pain quotidiens. Le sport est une a-vocation (un à-côté) ; non une vocation".

dimanche 29 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (4)

Libérer le corps

Le plaisir du corps est réservé
aux mâles. Il faut attendre 1928
pour voir des femmes courir
sur les pistes du stade
(cf. Le Prix d'un clou)
Derrière le pari de la paix par le sport, il y a, dans la pensée de Coubertin, la conviction intime que le sport - "l'athlétisme" - exalte des valeurs humaines, humanistes, aux antipodes de considérations matérielles et intéressées ; des valeurs qui seraient, en revanche, portées haut par les amateurs. Aucune démonstration ne vient, au fond, étayer cette croyance. Est-ce nécessaire ? L'idée paraît naturelle et à la portée de tous. Mais cette simplicité peut aussi la desservir et la faire passer pour un postulat, un parti pris irrationnel et contingent, une posture religieuse, idéologique et altérable. C'est peut-être en partie pour cela qu'elle subira des assauts réguliers de la part de personnes ou d'institutions d'influence, réalistes, modernistes ou à l'esprit mercantile, avant de définitivement céder entre 1988 et 1992.

Coubertin veut réhabiliter un corps discrédité, méprisé par les siècles intellectuels. Réhabiliter surtout le plaisir physique, celui, sain et simple, de cultiver le corps, de transpirer, de courir, jeter, sauter... Dans un second discours prononcé à la Sorbonne en 1894, il énonce : "les uns ont vu l'entraînement pour la défense de la patrie, les autres, la recherche de la beauté physique et de la santé, par le suave équilibre de l'âme et du corps, les autres enfin, cette saine ivresse du sang qu'on a dénommé joie de vivre et qui n'existe nulle part aussi intense et aussi exquise que dans l'exercice du corps". C'est cette excitation et cette extase qui motivent le rétablissement des Jeux et l'on comprend mieux, dès lors, que l'esprit "coubertiniste" qui anime ce projet répugne a priori à s'embarrasser de basses questions d'argent.

samedi 28 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (3)

Le discours du baron (1892)

Pierre de Fredy de Coubertin
a 29 ans lorsqu'il prononce
son discours à la Sorbonne,
dont les derniers mots invitent
au "rétablissement des Jeux"
Olympisme et amateurisme partageraient peu ou prou les mêmes valeurs ; des valeurs communes - par nature ou par décret - apparaissant en creux dans le discours du baron Coubertin (le fameux Manifeste olympique). C'est que l'aristocrate a d'abord en tête un projet de paix via le développement de la pratique du sport à l'école : "il y a des gens que vous traitez d'utopistes lorsqu'ils vous parlent de la disparition de la guerre et vous n'avez pas tout à fait tort. Mais il y en a d'autres qui croient à la diminution des chances de guerre et je ne vois pas là d'utopie. Il est évident que le télégraphe, les chemins de fer, le téléphone, la recherche passionnée de la science, les congrès, les expositions ont plus fait pour la paix que tous les traités et toutes les conventions diplomatiques. Eh bien, j'ai l'espoir que l'athlétisme fera plus encore (...). Exportons des rameurs, des coureurs, des escrimeurs ; voilà le libre-échange de l'avenir et le jour où il sera introduit dans les moeurs de la vieille Europe, la cause de la paix aura reçu un nouvel et puissant appui".

"En France, les jeux de paume sont déserts ; on y échange des serments, mais on n'y joue plus (...). Les jeux populaires étaient tombés en désuétude, l'accaparement du droit de chasse résultant de la constitution de la grande propriété avait privé la petite bourgeoisie rurale de son plaisir favori et si l'on voit, ça et là, des boxeurs s'entre-tuer ou bien quelque course à l'aviron se disputer sur la Tamise, c'est entre professionnels, pour procurer aux spectateurs le plaisir de perdre leur argent en paris exagérés. Rien de sportif, rien d'athlétique". Les fondements de l'olympisme moderne et désintéressé sont ainsi jetés.

vendredi 27 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (2)

Le scandale "Jim Thorpe"

Thorpe, professionnel malgré lui,
a subi les foudres de l'Olympisme
1912, Jeux Olympiques de Stockholm - premiers Jeux proprement universels. L'Américain Jim Thorpe, Indien de la tribu Aldonquin, remporte les épreuves du pentathlon et du décathlon. Sa performance impressionnante est telle qu'elle est même saluée par les grands hommes politiques. En 1913, on apprend que le champion a loué ses services comme semi-professionnel dans une modeste équipe de baseball, quelques mois avant de se rendre en Suède. La nouvelle, publiée dans un quotidien du Connecticut, parvient jusqu'à Lausanne, siège du Comité international olympique, le très conservateur gardien des valeurs défendues par le père de l'olympisme moderne, le baron de Coubertin ; pris la main dans le gant, Thorpe est obligé de rendre ses deux médailles d'or malgré des excuses publiques et de vaines tentatives de justifier la signature du contrat non par l'appât du gain, mais par le plaisir de pratiquer le baseball (il sera finalement réhabilité, et ses titres rendus, en 1982, 29 ans après sa mort).

L'affaire connaît un retentissement incroyable car non seulement l’opprobre est désormais jetée sur celui qui fut adulé comme le plus grand athlète du monde, mais c'est aussi la première fois que le CIO sanctionne un sportif pour non respect de la règle de l'amateurisme, qu'on disait immuable et sacrée :

"Les Jeux Olympiques réunissent les amateurs de toutes les nations sur un pied d'égalité aussi parfait que possible" ; Charte olympique 1921, Règlements relatifs à la célébration des Olympiades (la version de 1921 est la plus ancienne disponible sur le web).

Jeux interdits aux amateurs ?

L'athlétisme est souvent considéré
comme le sport le plus ancien.
Mais sait-on si Néandertal ne jouait déjà pas
à jeter des cailloux ou des javelots ?
Ce billet est le premier d'une série consacrée aux relations entre sport et olympisme, d'un côté, et amateurisme et professionnalisme, de l'autre. Le point de départ de l'initiative n'est pas à chercher dans l'ouverture des JO londoniens, qui aurait eu sur moi l'effet pareil à un électrochoc, mais plutôt dans une question que m'a posée celle qui partage ma vie, un soir, entre une cacahuète et un bretzel mal taillé : "depuis quand les professionnels participent-ils aux jeux olympiques ? Je croyais que, pendant longtemps, la compétition était réservée aux amateurs..."

Je n'avais pour seule réponse à apporter qu'une vague idée dictée par ma culture tant sportive que générale - rien qui puisse en tout cas satisfaire entièrement son appétit de savoir. Or, c'est un fait : les sportifs amateurs, quand il en reste, ne sont plus là que pour amuser la galerie et marquer gentiment l'histoire. Comment ? Pourquoi ? Quand ? La vision de ces points d'interrogation, serrés et droits comme des i, était insupportable ; ils n'attendaient que moi (qu'elle, en réalité) pour être abattus.

Deux surprises : 1/ trouver ce que je cherchais n'était pas si aisé, comme si le Comité international olympique avait effacé ses traces derrière lui, derrière son "crime". 2/ les Jeux ont une relation très ancienne et compliquée avec le sport amateur et le sport professionnel ; mille anecdotes et rebondissements qu'il aurait été difficile d'évoquer sur OS, dans un seul billet, et impossible de sacrifier tant l'Histoire du sport, ici convoquée, est un trésor. En espérant que vous aurez autant de plaisir à lire et à apprendre que moi à fouiller et à découvrir...

jeudi 26 juillet 2012

Thierry Roland n'est pas mort

Thierry Roland dans la légende des JO
La France du foot - mais pas seulement - peut sortir de son apnée après avoir porté nationalement le deuil de Thierry Roland : elle sait maintenant que son esprit est avec nous ; il s'offre quelque holiday dans la patrie des Rosbeefs à la peau pâle le matin et rougie par la bière des pubs dès onze heures...

Les Britanniques entament en effet d'une manière tellement british leurs JO de Londres. Les Jeux ne sont pas encore ouverts qu'une première bourde a été commise hier soir, à l'occasion du tournoi de football féminin qui a débuté, calendrier oblige, quelques heures avant la cérémonie officielle : sur les grands panneaux HD du stade aux trois quarts vide, le drapeau sud-coréen est apparu pour accueillir la sélection du nord de la péninsule ! On imagine la crispation et l'indignation des Nord-Coréens, insultés par cette assimilation à un peuple avec qui ils sont encore aujourd'hui en guerre.

L'histoire des Jeux est riche de ces anecdotes qui en font, pour une part, la légende. Thierry Roland himself la poursuit, profitant certainement de la pause du technicien pour incruster son message. Le père du "Il n'y a rien qui ressemble plus à un Coréen qu'un autre Coréen" persiste et signe pour le bonheur des uns et le malheur des autres, et entre définitivement dans l'histoire.

Coachez Rafa !

Chers lecteurs, à peine me releva-je de la déception d'un premier concours modestement truqué que je me lança dans un second challenge, le coeur il fut vrai vaguement en berne. Mais, cette fois, ma créativité fut sérieusement affectée par la nature de l'exercice : moins de liberté, moins de poésie, moins d'humour et moins de temps. "Bah, me dis-je alors à peu de choses près, où est le problème ? Si un film muet et personnel est impuissant à me faire gagner, une vidéo plate, sans prétention, en sera peut-être capable". Produisant pour produire, abandonnant donc toute dimension artistique, je me jeta à pleine voix dans la fosse aux lions - je devrais dire, aux toros puisqu'il s'agissait alors de donner, en moins de 30 secondes, un conseil de poker à Rafael Nadal (à gagner, ni queue ni oreilles prises sur un cadavre noir, mais un ticket d'entrée à l'étape barcelonaise de l'European Poker Tour).

Vois le résultat, et vote si le coeur t'en dit - mais uniquement si c'est le cas (ça se passe ici ; ma vidéo ne sera mise en ligne que lorsqu'elle sera validée par la haute Autorité du concours !).


Il est honnête de dire que, si cet exercice fut à moitié réussi de mon côté (la bonne moitié m'ayant été intégralement soufflée par ma plus fidèle lectrice), il l'a été (presque) parfaitement par un concurrent à qui, fair play, je rends hommage ("presque", parce que la longueur de la vidéo et le nombre de conseils promulgués sont non réglementaires...). Vois :

lundi 23 juillet 2012

Lille de la tentation

Le 5 juillet, un tribunal administratif
a maintenu son feu vert au projet.
Finalement, en dépit des procédures
OL Land devrait voir le jour...

Il est un temps que les moins de 1 an ne peuvent pas connaître, où la bande à Aulas excellait lors des très stimulantes périodes de chasse au nouveau talent et exerçait un magnétisme irrésistible. Durant les années 2000, Lyon était the place où vivre de grands mardis européens, le porte-étendard dont toute la France pouvait être fier et qui appliquait une politique relativement simple en puisant avec intelligence dans le vivier français (faisant, au passage, tourner l'économie française, au contraire du Paris contemporain).

Mais l'OL a pris de vilaines rides après avoir pris de drôles de virages (Perrin, Puel, Keita, Cissokho), vu ses cadres se dérober (Juninho, Cris) et s'être lancé dans des projets dantesques (entrée en bourse en 2007, pas cahotiques d'OL land). Le club ne suscite plus l'émerveillement ou l'espoir et peine à se renouveler - triste fin pour le roi de cette jungle. Le marché des transferts en est l'indicateur froid : les sujets de sa convoitise se font chiper, notamment, par le LOSC, la nouvelle référence, le dogue ayant réussi sa révolution dans l'ombre du lion. Après Martin et avant (peut-être) Mendes, c'est Sidibé qui tourne les talons à la cité rhodanienne.

N'enterrons pas Lyon ; après la nuit, vient le jour, soit ! Mais Lyon apprend la concurrence, la difficulté et l'humilité.

mercredi 18 juillet 2012

On ne regarde plus à la défense

Mangane ne jouera plus en France...
Debuchy réclame un billet de sortie. "Azpi", que l'OM a besoin de vendre pour envisager plus sereinement le prochain exercice, devrait rejoindre Londres où Chelsea a des vues sur lui ; l'opération pourrait se faire autour de 9 millions, une somme assez proche de sa valeur actuelle, mais qui pourrait rapidement enfler d'ici un ou deux ans... Et maintenant Kader Mangane, qui part dans la péninsule arabique, arraché à Rennes pour 3 millions d'euros... Bradée, la montagne sénégalaise de 29 ans n'a donné envie à personne en France. Les finances des clubs sont-elles à ce point mauvaises pour laisser filer l'aubaine ? Signer en Arabie Saoudite ne donne plus de complexe, pas plus à ceux qui s'offrent une retraite paisible et dorée en Chine, au Brésil, voire aux USA ; autant de championnats qu'il faut désormais regarder comme des rivaux crédibles. A surveiller.

Un attaquant de classe mondiale arrive, et les défenses se défont déjà - dans l'indifférence générale. Dans ce jeu des transferts et des chaises musicales, les fausses notes ne sont pas rares ; on se prend à douter que, tout compte fait, la Ligue 1 s'enrichisse de tels départs.

Paris tient sa vedette

En arrivant à Paris, Ibra devra gagner sa place
face à Bahebeck ou Maurice...
L'arrivée de Zlatan Ibrahimovic à Paris est-elle une bonne nouvelle ? Au risque de passer pour un papi sceptique et grognon, j'esquiverais en répondant que c'est d'abord une bonne nouvelle économiquement ; pour le fisc, d'abord, et pour la Ligue, dont le championnat national est ainsi chèrement revalorisé et pourrait maintenant attirer d'autres noms et susciter l'intérêt des diffuseurs étrangers et des sponsors.

Sportivement, l'affaire est plus risquée qu'il n'y paraît. Le Suédois trentenaire est hyper-talentueux et compte parmi les plus grands. Mais c'est un bad boy ingérable qui ne joue que pour lui, ne croit qu'en lui ; tout le reste est méprisable. Le PSG est un club difficile et bizarre, qui n'a pas besoin qu'on ajoute à ses habituelles crises automnales des crises d'égo. Or, de telles crises, il y en aura lorsque Ibra, gavé de millions, finira par se lasser de déplacements à Brest, Troyes ou Nancy, ou explosera à force de subir les huées inévitables du Parc. On salive déjà à l'idée de le voir exprimer, en conférence de presse, son "impatience de fouler les pelouses de ce beau championnat", tentant de justifier, par un jeu subtil à la Francis Huster, sa venue à Paris et de faire oublier le salaire le plus cher de l'histoire du football moderne (après celui d'Eto'o, devenu le jouet d'un milliardaire russe).

Il n'y avait pas pire affaire à réaliser que de faire signer Tevez ou Ibrahimovic. Les nouveaux propriétaires du PSG, étonnamment, se sont offerts l'un après s'être intéressé à l'autre. Tout est dit.

Woman Event

Le Main Event des World Series Of Poker, c'est le plus grand tournoi de poker au monde, celui à l'issue duquel LE champion du monde est désigné après une course d'endurance de 70 heures... Gaëlle Baumann est une joueuse professionnelle française qui a pris part à son premier ME sous les couleurs de Winamax. Elle a échoué aux portes de la table finale en se faisant (cruellement) éliminée en 10e position (sur 6598 participants).

Le verre à moitié vide ou à moitié plein ?

"Wonder Baumann" repart avec un chèque d'un montant de 590 000 dollars, mais ceci reste très anecdotique. On imagine le coup reçu par la compétitrice, connue pour son perfectionnisme autant que par sa simplicité. Aller aussi loin dans le tournoi le plus désiré du monde est sublime ; perdre si près du but est rude, surtout que le Hongrois qui la prive de finale n'était là que par la faveur d'une décision d'arbitrage rendue 3 jours plus tôt, après un embrouillamini des familles qui l'a opposé à Gaëlle (le joueur avait jeté ses cartes sans s'être aperçu qu'elle avait relancé derrière lui et qu'elle le couvrait ; les juges ont considéré qu'il n'avait pas abandonné...).

A chaud, la Française parvient à garder de la distance. La déception est perceptible, mais son analyse est incroyablement objective : "il aurait dû être éliminé ? C'était il y a 3 jours, c'est du passé. Je n'en veux pas aux superviseurs du tournoi, j'en veux à moi-même".

Chapeau, Gaëlle ! On a vibré.

vendredi 13 juillet 2012

Goods Deeds 2.0 : l'épilogue

Hello, hello ! Des nouvelles de "Good Deeds 2.0", le petit film réalisé avec l'aide précieuse de ma Kuzca dans le cadre d'un concours organisé par la room PartyPoker US et le joueur Daniel Cates ! Pas de scoop, je n'ai pas gagné, vous ne me verrez donc pas faire trembler (ou rire, vu que j'ai l'air plus doué pour ça !) les tables de l'Amazon Room du Rio, à Las Vegas. L'heureux gagnant a été désigné il y a dix jours : il est londonien et a posté une vidéo techniquement bien faite dans laquelle on voit Emily, une de ses amies, proposer des free hugs - vous savez, les "câlins gratuits" en pleine rue. Une poitrine surgonflée par un tee-shirt taille XS et le tour est joué ; dommage que le gagnant ne se soit pas mis en scène, ainsi que le règlement l'imposait... (amertume !?)

Le choix est justifié par son caractère "drôle et original". Mouais... Le Londonien avait également le soutien du fantasque Tony G., un francophobe notoire, sponsorisé par... PartyPoker ! On ne se demande pas par quel biais ce soutien lui est parvenu...

Plusieurs lots de consolation

J'y ai gagné beaucoup, finalement : une interview, diffusée sur le blog privé de PartyPoker US et reprise un peu partout, même en Suède ! Et puis, j'ai appris, en visitant des forums, que la communauté est divisée ("Génial ces free hugs ! Quelle imagination !") quand elle n'est pas dubitative. "C'est une vidéo de free hugs qui l'a emporté, sérieux ???" résume très bien le goût laissé par le choix de Cates du côté des sceptiques. Un commentaire qui fait du bien à lire, comme celui posté sur ce site anglophone. J'ai, pour moi, la sérénité du vaincu, le plaisir d'avoir donné vie à ce petit film sans prétention et celui du fair play. J'ai joué le jeu sans corrompre quiconque, ni concurrents ni public ni membres de PartyPoker ; ce qui ne fut pas le cas de la plupart, notamment du gagnant qui s'est presque prostitué (rien d'anormal, car cela reste dans la tonalité de sa vidéo... !) sur Twitter pour obtenir son ticket. See:


N'oubliez pas, si vous tombez le nez ou la souris sur un concours vidéo, de m'en faire part. L'expérience m'a vraiment beaucoup plu...

mardi 10 juillet 2012

La comédie française

Paris Sans Génie
Du grand n'importe quoi ; c'est ce qu'inspire le flot ininterrompu de noms de stars du ballon rond-de-cuir, qui circule bruyamment sur la voie de gauche du périphérique parisien, tous feux allumés, mais sans jamais marquer le temps d'arrêt nécessaire ou espéré à la porte d'Auteuil. Le parc des princes qataris peine encore à convaincre de la beauté du championnat de France, vendu comme le nouvel eldorado européen - après Manchester City, et avant qui (Anderlecht, Bâle, Odense) ? Le Qatar s'est acheté Paris, mais leurs moyens illimités donnent jusqu'ici davantage le tournis aux observateurs qu'aux premiers intéressés, à savoir les joueurs, qu'on imagine pourtant ardemment stimulés par leurs agents, clairvoyants quant aux perspectives de retraite surdorée ouvertes par la signature d'un contrat. Depuis mai, ont ainsi été annoncés Rooney (contre un chèque astronomique de... 150 millions d'euros), Ibrahimovic, Pato, Falcao, Van Persie, Hulk, Eto'o, Adebayor, Damiao, Cavani, Suarez, Dzeko, Villa, Higuain, Thiago Silva, Terry, Coentrao, Daniel Alves, Modric et même - soyons fous ! - Messi... Cela doit bien faire vivre des gens.

Who's next?
 
Il y a de la démence dans ces rumeurs ; ça se comprend, en vérité : quand on peut s'offrir tout et son contraire sans avoir la main tremblante, sombrer dans la folie doit être facile. D'où la nécessité d'être entouré par une intelligence ; une intelligence, plutôt qu'un réseau. Leonardo apporte-t-il l'un ou l'autre ? A vous de vous faire votre idée ; j'ai la mienne. Recruter Verrati, espoir italien de 2e division, pour 15 millions frise le ridicule, voire le scandale. Enfin, "recruter"... : le transfert est annoncé depuis une semaine, mais le joueur n'a apparemment rien signé - un douloureux rappel, pour Paris, que l'accord du club vendeur ne suffit pas.

Encore un nom - inconnu, celui-là - qui circule sans cohérence et à tombeau ouvert sur le périph' parisien. Quelle triste comédie...

dimanche 8 juillet 2012

Back in Legend

Photo : Reuters
Eternel Roger Federer. On l'a dit perdu. On l'a dit aux abois. En perte de vitesse, dépassé par la jeune génération ibérico-slave. On l'a dit en plein doute. Il a conquis ce dimanche son 7e titre sur le gazon béni de Wimbledon et retrouvé la place - sa place - de n° 1 mondial. Il entame ainsi, en cumulé, sa 287e semaine au sommet du classement ; nouveaux records à battre, exit Pete Sampras.

Inimaginable il y a quelques mois. Délicieuse reconquête du pouvoir, réalisée à Londres, dans son jardin anglais, contre Andy Murray, le régional de l'étape au comportement imbuvable sur les courts.

Welcome back, Sir Roger: you're a living legend.

mercredi 27 juin 2012

Laurent Blanc doit partir

Laurent Blanc aura dirigé les Bleus
deux ans durant avec, à son actif,
la "découverte" de Debuchy ou Cabaye.
Je n'ai rien contre Laurent Blanc, mais il DOIT partir. Pourquoi ? Son bilan après deux années passées aux commandes des Bleus n'est pas noir : si on a beaucoup insisté sur le fait que la France était invaincue contre la Suède et l'Espagne depuis une éternité (cela a donc changé depuis ce mois de juin), on a oublié un peu vite que la même France poursuivait une série de 23 matchs sans défaite (et pas contre les moins adroits ; la Mannschaft en témoigne) avant de tomber au soir du 3e match de poule contre Ibrahimovic and co.

Mais Laurent Blanc a fait des choix qui, au vrai, ont concouru en partie à l'échec de cette campagne européenne (bien qu'on tente, à la Fédération de parler de "contrat rempli"). S'il n'est pas responsable, notamment, des écarts de conduite d'un petit minot ou du piéton Malouda, il a à son passif trois lourdes décisions : maintenir Samir Nasri dans le onze de départ alors que le joueur, à qui l'entraîneur de City a fini par ne plus faire confiance, n'a jamais donné le moindre signe d'envie, marchant le plus clair de son temps et ralentissant incroyablement le jeu ; s'obstiner à isoler Karim Benzema alors que le Madrilène, qui essuie nombre de critiques injustes pour avoir déserté la pointe de l'équipe, n'est pas et n'a jamais été un avant centre, qu'il a besoin de toucher des ballons et de participer à la création du jeu ; faire confiance de manière incompréhensible (pour un ancien et prestigieux défenseur central international) à la charnière Mexès-Rami qui a toujours donné plus de motifs d'inquiétude et que de satisfaction, laissant sur le banc ou à la maison des défenseurs bien plus propres a priori (Koscielny, Varane, Sakho).

Il n'y a rien de personnel, au contraire. Laurent Blanc est intelligent, honnête, intègre et il défend ses choix et ses convictions. Mais l'Euro lui a donné tort au-delà de la question de la gestion des hommes ; il doit partir.

vendredi 22 juin 2012

"Les Bleus sont nuls" & autres idées reçues

Je n'ai pas eu beaucoup de temps à consacrer aux matchs de l'Euro, ce qui explique mon inactivité sur ce plan-ci de ma vie. Mais j'entends depuis deux jours des inepties ; alors je prends la plume virtuelle pour rectifier.

Ibrahimovic, star médiatique.
La France a-t-elle été humiliée ? Larqué et son nouveau comparse Balbir n'ont pas cessé de répéter que les Bleus (en blanc) ont été "humiliés" par les Suédois. Le lendemain matin, le mot était repris par tous. C'est exactement là que je vois que le foot est donné en pâture à des personnes qui ont renoncé à toute objectivité et crédibilité. "Humiliés par la Suède" ? Contre le Luxembourg, 5-0, peut-être, mais contre une nation du football que l'on respectait/craignait encore il y a 4 semaines, c'est dur à avaler. La France a flirté avec le néant toute la 2e mi-temps contre un adversaire fier, jouant à 9 derrière ; ni plus ni moins.  Il n'y a pas de honte, pas d'humiliation parce que - l'a-t-on oublié ? - nous ne sommes pas mille fois meilleurs que les héritiers de Brolin et Ingesson.

"KB" aura son moment - contre l'Espagne ou après ?
Benzema a-t-il un problème ? Benzema ne marque pas, "c'est le seul attaquant star à avoir  son compteur but à 0"... Oui, et alors ? Si KB a un souci, il s'appelle peut-être Nasri, qui continue de jouer en marchant avec du scotch au bout des chaussures, ou Blanc, qui s'obstine à le faire jouer seul devant. L'ex-Lyonnais n'a rien à se reprocher. Il rumine, oui, mais c'est un attaquant et ne pas marquer lui pèse inévitablement ; il fait la gueule, ça se comprend. C'est aussi et surtout un garçon qui doit participer à la construction du jeu, qui descend chercher les ballons bas ou, plus souvent, sur les côtés et il erre donc rarement dans la surface de réparation. Et l'on découvre maintenant qu'il manque une pointe et que Giroud devrait l'épauler... ? Cela fait des mois qu'on en parle sur OS.

Le "bus de l'Afrique du sud" en fait vibrer plus d'un encore
We're back to Knysna ? L'Afrique du sud, vous savez : l'histoire du bus qui fit la honte du football national et signa un arrêt de mort relative pour certains tauliers ; l'histoire, aussi, de l'injure jetée à la figure d'un sélectionneur isolé et en une d'un journal torchon. Un autre échange testostéroné a été rapporté par un journaliste de ce quotidien scatophile - tiens tiens. Et le fantôme de Knysna est agité aussitôt - également, il est vrai, dans la bouche de Malouda. Alors qu'il n'y a peut-être rien. Peut-être qu'une explication virile, une plaie ouverte, de la déception, quelques tensions - mais qui n'a jamais vécu ça au sein d'un groupe. Un minimum pour des compétiteurs ambitieux. Entretenir une ambiance dégueulasse doit faire plaisir à certains ; moi, tant que ça reste à ça, ça ne m'effraie pas. 

Les nouveaux invincibles...
On va se faire balayer par l'Espagne ! Je n'en sais rien, mais je n'en suis pas aussi sûr que la majorité. La rencontre a trois clés pour les Bleus : la première, c'est la capacité des milieux de terrain à remporter la guerre du milieu, si tant est qu'ils puissent la gagner ; il faudra tenir, tenir, tenir, être accrocheur et combattif. La deuxième, c'est l'efficacité offensive ; la Roja, comme Barcelone, concède une brochettes d'occasions et nous avons les armes pour les convertir. La troisième (non, ce n'est pas la défense des Bleus - je la cherche encore), c'est Franck Ribéry ; il est devenu le patron de cette équipe qui se cherche encore et j'aime ça. Tout dépendra de lui samedi. Vas-y Francky, c'est bon !

jeudi 21 juin 2012

Good deeds 2.0


Cette vidéo est la 2e mouture d'un film réalisé dans le cadre d'un concours lancé par Daniel Cates et PartyPoker US en mai 2012. La version originale, mieux aboutie, n'a pas pu être mise en ligne à cause de la violation de droits d'auteur sur les deux musiques utilisées initialement - qui a dit que les droits d'auteur étaient un encouragement à la création ?!

C'est aussi un hommage au film muet, opéré avec les moyens du bord. J'espère que vous apprécierez.

mercredi 6 juin 2012

France (4) - Estonie (0) : mémo

© AFP
Lloris RAS ; Debuchy complet ; Rami inquiétant ; Mexès au secours ; Evra du mieux ; Diarra mouais ; Cabaye intéressant ; Malouda inégal ; Ribéry libéré ; Nasri absent ; Benzema au top.

Bonus - Giroud définitivement précieux ; Koscielny sobre ; Martin appliqué (bis) ; Ménez buteur ; Ben Arfa souriant.

Il y a décidément quelque chose qui se produit avec ces Bleus. Je savoure l'impensable libération de Ribéry aussi intensément que je le maudissais hier. Quant à Benzema, il pèse sur le jeu si lourdement, il n'a pas vraiment d'égal dans l'Histoire des Bleus : buteur et passeur avec la même efficacité, il est définitivement un non avant-centre de classe mondiale ; merci au passage au Special one.

Bémols. Nasri continue de jouer avec le frein, les milieux défensifs ont les chevilles touchées et la défense centrale est nulle. Reste à savoir si, avec de telles armes, la France peut rêver d'un 1er juillet à Kiev. J'en doute un peu, mais je rêve aussi.

mardi 5 juin 2012

Et vous, votre Roland-Garros ?

Je profite des Internationaux de France et d'une date anniversaire pour poster un billet interactif - enfin, pour lancer une invitation à l'interactivité : quel est votre meilleur souvenir de Roland-Garros ?

Mon Roland, c'est Michael (Chang).

5 juin 1989. Un Américain de 17 ans défie Ivan Lendl en huitième de finale. Le n° 1 mondial, qui arrive de Tchécoslovaquie avec, alors, 7 titres de grand chelem à son palmarès dont 3 décrochés porte d'Auteuil, a la cote auprès des bookmakers. Si on ne donne pas cher de la peau du jeune Chang après avoir perdu les deux premiers sets, il renverse la tendance et s'impose 4-6 4-6 6-3 6-3 6-3 avec quelques gestes commandés par l'épuisement, les crampes ou l'insolence ; des gestes qui ont marqué l'Histoire du sport au fer rouge terre battue : du service à la cuillère au bluff qu'il réalise sur la balle de match, l'adolescent aura fait vivre une humiliation à Lendl qui boudera ensuite le tournoi pendant 3 années.

Dans sa - courte - foulée, Michael Chang remportera Roland-Garros, ce qui restera sa seule et unique grande victoire sur le circuit. C'était contre Stefan Edberg, une autre légende, maudite à Paris ; mais c'est déjà un autre match, un autre souvenir.

vendredi 1 juin 2012

He's like the wind

Usain Bolt vient de courir en 9 secondes et 76 centièmes au meeting de Rome, l'un des derniers grands rendez-vous de l’athlétisme avant les JO de Londres ; the place to be pour régler amicalement ses comptes avec les concurrents et mettre les pendules - les chronos - à l'heure.

9''76, ça n'a l'air de rien, surtout pour celui qui détient un record à 9''58 et qui sera le premier homme à descendre sous la barre des 50 centièmes selon les spécialistes.

9''76, ça ne vous dit pas grand chose ? Relisez le premier paragraphe. Quand vous serez arrivés au point, Usain, lui, aura parcouru exactement 100 mètres. Tout simplement.

jeudi 31 mai 2012

France (2) - Serbie (0) : mémo

Photo Icon Sport
Lloris concentré ; Réveillère complet ; Koscielny précieux ; Mexès correct ; Clichy ok ; Diarra présent ; Cabaye sérieux ; Malouda libre (voire libéré) ; Ribéry enfin ; Nasri en recherche ; Benzema mûr. 

Bonus - M'Vila blessé ; Rami approximatif ; Martin appliqué ; Ménez doué ; Ben Arfa joker.

Laurent Blanc a fait un pied-de-nez à son prédécesseur en imaginant une formule à 3 milieux offensifs totalement libres d'aller où ils le veulent, d'un côté à l'autre du terrain, et appuyés par un 4e homme polyvalent (Cabaye). Avec, pour résultat, de la percussion, de la fluidité et beaucoup d'aisance technique - à la limite du toque. Certains diront que le départ de Gourcuff a décrispé ceux qui ne l'aiment pas ; je pense que ce nouveau schéma y est pour beaucoup.

Un regret : l'absence d'un véritable avant-centre. Dommage que le foot ne se joue pas à 12, car il manque une présence constante et physique en pointe. Koscielny et Cabaye trouveraient matière à distiller leur jeu long et les Bleus disposeraient d'une option supplémentaire.

Réapparu comme un Chantôme

Lu sur Madeinfoot.com

Clément Chantôme pourrait aller goûter l'air de la province ; information à prendre forcément avec des pincettes en cette période toujours bruyante de rumeurs lancées tantôt par les agents ou les clubs, pour vérifier les réactions des intéressés, tantôt par la presse sportive, pour vendre du papier ou des connections.

Il reste que, s'il s'avérait réel, l'intérêt de Marseille et de Lyon serait une bonne chose. Bien que viscéralement attaché au Paris-Saint-Germain, le milieu de terrain polyvalent a vécu une saison compliquée, barré par des joueurs qui n'ont pas plus de talent que lui et par un nouveau coach qui n'a pas su lui trouver une place.

Dans la mesure où ces parachutages dorés ne sont pas près de cesser, on ne lui conseillera que trop de couper le cordon.

mercredi 30 mai 2012

Le Spur fait vivre

Lu sur Lequipe.fr

A l'Est, si James et Wade seront de la grande finale du basket US (ils se déferont des retraités de Boston), à l'Ouest, Tony Parker et les siens devaient tomber sur un os avec le Thunder de Durant et Westbrook.

Oui mais voilà, l'os est tout bonement rongé par des Spurs qui continuent leur cavalier seul. Aucune défaite en 10 matchs de play-off (avec une 2e victoire avec 109 points d'écart... #Désinformation).

Les Spurs ont faim, James et Wade sont prévenus.

mardi 29 mai 2012

Razzano passe la huitième

Vu sur France 3

Photo : Reuters/Nir Elias
Virginie Razzano compte parmi ses joueurs et ses joueuses de tennis qui ont, un temps, été premiers de la classe (elle a remporté l'Open d'Australie et les Internationaux de France en junior) avant de connaître une carrière moins brillante chez les grands.

Jusqu'ici, elle avait remporté deux titres mineurs. C'était en 2007 ; une éternité. Hier, elle a ajouté une ligne de plus à son palmarès en s'offrant, à bout de crampes, une victoire de prestige devant un public forcément conquis : Serena Williams a mis le genou à terre, battue en trois sets, à l'issue d'une huitième balle de match (4-6, 7-6, 6-3).

Ca n'est pas grand chose, mais pour elle et pour nous, ce genre de moments est incroyablement intense.

Paris à deux contre un...

Lu sur Lequipe.fr

L'Italienne Francesca Schiavone, finaliste en 2011 d'un tournoi de Roland-Garros remporté en 2010, a franchi avec succès le premier obstacle. Au second tour, elle devrait affronter "Yanina Wickmayer et Tsvetana Pironikova".

On lui souhaite bien du courage car, sur la terre battue comme sur toutes les autres surfaces, jouer contre un double n'est jamais simple...

#Désinformation #MaisQueFaitLaFédération?

Le changement, c'est maintenant !

C'est infinitésimalement dingue, isn't it ? Après avoir traversé une période de boulimie rédactive (et pourquoi ce mot n'aurait-il pas le droit d'exister si "infinitésimalement", lui, ne choque pas ?), voici que j'ai abandonné mon poste de vigie depuis plusieurs semaines. Quel crédit mes lecteurs (vous et, plus certainement, moi) auront-ils la bonté de m'accorder maintenant, eux qui sont sans doute déçus d'être ainsi ignorés et livrés en pâture à l'insupportable hasard de mes humeurs sportives ?

En réalité, je vous dois une confidence : je songe à changer le style et la finalité de ce blog, l'un étant le véhicule de l'autre. Plutôt que de vous servir des billets d'une longueur bergmanienne, je vais opter pour une sorte de fil d'actualités, riche de réactions et de clins d'oeil en toutes sortes sur tout ce que j'aurais lu, vu et entendu à propos de ce qui me fait vibrer : le sport et le poker. Cela aura le double avantage de vous épargner des lectures fastidieuses et de me libérer d'un exercice très chronophage. Autre avantage, si vous voulez qu'une information soit creusée, il suffira de passer par la case "commentaires" pour me solliciter.

Soyez sereins : je ne tire pas de trait définitif sur le format "billet" ; mais sachez que l'heure est aux économies comme au changement ; et le changement, c'est maintenant.

vendredi 6 avril 2012

La Coupe dévisse

Aujourd'hui, demain et dimanche ont lieu les quarts de finale de la Coupe Davis, seule compétition de tennis se jouant entre équipes nationales au plus haut niveau - qui a dit que le sport dont les origines remontent à Azincourt (1415) et Harry Gem (1858) était l'archétype du  sport individuel ? La France y fait régulièrement bonne figure et a toutes ses chances de décrocher un nouveau ticket pour les demi-finales avec la réception des joueurs de l'Oncle Sam.

Mickaël Llodra et Jo-Wilfried Tsonga

Un tel optimisme ne résulte pas seulement de la non-sélection audacieuse, par captain Courier, de l'ancien n° 1 mondial Andy Roddick, qui vient pourtant de marquer les esprits en sortant Federer du tournoi de Miami, ni du forfait de Mardy Fish - et moi qui pensais que le jour du poisson était le vendredi... Non, les ondes positives qui s'abattent sur ces rencontres étalées sur trois jours (2 matches en simples aujourd'hui, 1 double demain, 2 matches en simples dimanche - le vainqueur est celui qui remporte 3 matches) proviennent du choix de la surface imposée par les Français aux Américains.

S'il se jouait initialement sur le gazon (le nom originaire de la Fédération internationale de tennis n'a perdu son "de gazon" qu'en 1977), le tennis se pratique désormais sur une multiplicité de surfaces, les "lentes" et les "rapides" même si, de vous à moi, il y a ici chipotage. La terre battue entre dans la première catégorie. Elle handicape plutôt les bons serveurs, ceux qui concentrent leur jeu sur l'attaque par goût ou parce qu'ils sont trop lourds pour se déplacer et frapper la balle plus de 4 fois de suite. Or, dans le camp américain, le géant John Isner, qui sera sur qui repose finalement tout, compte parmi ceux-là - tellement géant d'ailleurs que certains songent, avec humour, à relever la hauteur du filet...


L'avantage procuré aux Mousquetaires français (c'est leur surnom) m'apparaît injuste car, une chose est de bénéficier de l'organisation d'un tour de Coupe Davis à domicile - même si, à Monte Carlo, nous ne sommes qu'à un trottoir de Monaco... -, une autre est de choisir la surface sur laquelle vous voulez manger tout cru vos adversaires. Ne serait-il pas plus équitable de laisser, en ce cas, la responsabilité de ce choix aux invités ? D'un côté le public qui vous pousse, de l'autre vos chaussures ; on est à égalité. Si Pierre de Coubertin était encore là, il approuverait certainement sans réserve - qu'on ne m'accuse pas de faire parler un mort !

L'idée n'est pas bête, mais le système trouvé par l'ITF ne le serait pas moins s'il n'avait un fort relent de loi du Talion - "oeil pour oeil, dent pour dent,... surface pour surface". Le Règlement de la Coupe Davis prévoit, en effet, deux scénarios : celui qui a le droit d'élire la surface de jeu est désigné par tirage au sort, sauf lorsque les deux équipes se sont déjà rencontrées par le passé ; dans cette hypothèse, l'équipe qui n'avait pas choisi la surface à l'époque gagne automatiquement le droit de choisir la surface. Or, les USA ont reçu et éliminé nos petits Français en 2008, en les amenant sur une surface rapide qui les avantageait alors et qu'ils avaient surtout choisie. "Bien fait pour eux", disent les gens de la Fédération française. Pas sûr, pourtant, que la solution soit compatible avec l'esprit du sport.

mercredi 4 avril 2012

La France rétrogradée

Le risque à se laisser bercer par le ronron de l'habitude est de penser l'état des choses comme éternellement acquis et, alors, de ne pas apercevoir à temps les changements qui vont chambouler le paysage quotidien. En France, on entend régulièrement les cris d'oiseaux de malheur, pestant contre le manque d'ambition des clubs de Ligue 1 pour mieux mettre en relief le risque de voir remis en cause notre précieux statut européen.

Qui que quoi comment ?

L'UEFA applique chaque année un système de calcul d'un coefficient visant à établir un classement officiel entre les compétiteurs (clubs ou nations) qui permet à la patronne du football européen d'organiser les futures éditions de ses compétitions. S'agissant de la Ligue des champions, l'article 2 du Règlement de l'UEFA Champions League 2011-2012 dispose ainsi que "les associations membres de l'UEFA peuvent inscrire un certain nombre de clubs à la compétition, selon leur position au classement par coefficient qui figure à l'annexe I a". Tout l'enjeu, pour l'UEFA et les associations nationales (fédérations), est donc de déterminer le nombre de places disponibles pour leurs clubs affiliés.


Voici une photographie, au 4 avril, de l'annexe I a du Règlement. Elle montre que la France occupe le 5e rang devant la Russie, l'Ukraine et la Roumanie. Ce classement lui offre deux privilèges : la qualification directe à la Ligue des Champions de la saison suivante pour le champion de France en titre (CH) ainsi que pour son dauphin (RU), privilège partagé avec la Russie (6e) ; le passage par un seul tour de qualification préliminaire pour le club qui termine 3e du championnat national (N3), à la différence du 3e du dernier championnat russe, qui a dû franchir, quant à lui, deux tours de qualification avant d'accéder à la prestigieuse compétition continentale.

La photographie fige un état mouvant, néanmoins, et elle ne montre pas que, derrière chaque rang, se cache le fameux coefficient. Or, l'annexe II du Règlement précise la méthode de calcul : il s'agit, en gros, d'une moyenne de points marqués par les clubs nationaux disputant la Champions League ou l'Europa League, la petite sœur, lors des 5 dernières saisons. Le barème est le suivant : 2 points pour une victoire, 1 pour un match nul, 0 pour la défaite.

Viva Portugal!

Oui, mais voilà, il y a belle lurette que les clubs français n'ont plus brillé sur la scène européenne, à l'exception de performances trop isolées pour contrebalancer cette tendance nette à l'élimination prématurée et - pire - au refus de combattre. La conséquence est arithmétiquement inévitable. Le constat est surtout cruel en Europa League : les entraîneurs des clubs français engagés dans cette compétition n'en ont jamais fait une priorité et ne s'en cachent pas ; ils préfèrent se concentrer sur les joutes nationales. Seulement, cette désertion offre aux championnats moins bien classés et plus ambitieux, l'opportunité de grignoter leur retard et c'est finalement le Portugal, dont les porte-drapeaux affichent un bilan comptable à faire pâlir les dirigeants du football français (Porto, Benfica, Braga ou le Sporting), qui va s'asseoir sur le siège de la France en vue de la saison prochaine, reléguant sur un strapontin assez inconfortable celui qui sera sacré en mai, 3e de notre Ligue 1.

La situation n'est pas encore alarmante, même si, à l'évidence, à multiplier ainsi les étapes pour rentrer dans la cour des grands, on ne se facilite pas la tâche. Il n'y a pas scandale, après tout, à se faire doubler par le football portugais qui, s'il n'est pas plus riche que le nôtre, sait très bien exploiter ses filières sud-américaines. Il faudra veiller cependant à se réveiller, à faire évoluer les mentalités, car la France est sur une pente dangereuse. On entend parfois que le football hexagonal est redevenu ce qu'il était, au début des années 90 ; et si nous commencions par éviter de nous tirer une balle dans le pied ?

mardi 3 avril 2012

Au revoir, à jamais

De manière générale, l'horizon de l'homme est assez peu lointain et celui du footeux est sans doute encore plus réduit. Au fond, c'est mieux pour lui car il s'épargne ainsi d'infinis questionnements sur le pourquoi du comment d'un monde qui ne tournerait pas assez rond à son goût. Il faut cependant éclairer sa lanterne, ce soir, au risque de le plonger, au choix, dans un état aigu de haine ou de désolation : toi, le téléspectateur à peine excité par la perspective de l'élimination marseillaise, ne perds pas une miette de cette rencontre parce que, ne le sais-tu pas, le moment est historique.

Marseille à Munich pour l'histoire

Marseille revient à Munich dix-neuf ans après sa victoire de légende contre Milan. Le clin d'oeil à l'histoire cesse là : c'était à une autre époque, en un autre stade, et l'Allianz Arena, sublime à défaut d'être parfaitement écologique, est bien la seule qui risque de briller dans les yeux des fans marseillais.

L'Allianz Arena de Munich, by night.
En fait, quand je dis "moment historique", je parle d'une autre histoire, de notre époque, moderne, fortement exposée à la logique marchande et économique, la puissance de la loi de l'offre et de la demande pouvant suffire à définir une direction nouvelle, pas toujours de manière très visible. En ce sens, ces virages sont "historiques". Nous y sommes en matière de droits de retransmission des rencontres de la Ligue des Champions. Car la confrontation de ce mardi, entre le Bayern et l'OM, est a priori la dernière du genre que l'on verra diffusée sur une chaîne gratuite.


Le supporter, vache à lait de l'UEFA

Pour celui ou celle qui ne le sait pas encore - dans quel monde vit-il/elle ? -, le groupe qatari Al Jazeera a fait une razzia sur les droits de retransmission, notamment, de la Champions League (communiqué de l'UEFA du 5 déc. 2011). La stratégie est simple : occuper, ou plutôt s'offrir le marché audiovisuel du football européen en mettant sur la table autant de valises de dollars que nécessaire pour éliminer la concurrence. Résultat : les droits, divisés en lots, ont été attribués à Be in Sport (la future chaîne d'Al Jazeera), Canal + en conservant une petite partie ; exit, donc, TF1, Christian Jean-Pierre et la gratuité des matchs puisque, désormais, il faudra s'abonner à l'une ou l'autre des deux chaînes pour suivre les prochaines campagnes européennes.

Il y aurait bien une solution, calquée sur le cahier des charges de la Fédération qui impose que le diffuseur des matchs des Bleus garantisse la gratuité du service. Et, d'une certaine façon, cette clause est prévue par l'UEFA, qui a prévu que la finale doit être diffusée gratuitement, à charge pour la chaîne titulaire des droits de négocier un accord avec une chaîne lambda qui ne serait pas à péage (M6, TF1 ou France 2 - hum, Xavier Gravelaine pour la finale de la Champions League...). Le tempérament est bien faible, toutefois, pour nous, petits Français, qui désespérons de voir un jour un club de l'Hexagone marcher sur le toit de l'Europe. Faisons-nous une raison : nos mardis et nos mercredis pourront être mis à profit pour la lecture du soir aux enfants.

Nul doute que la décision risque de provoquer quelques aigreurs, mais demain seulement. Pour l'heure, seule la bière bavaroise risque de peser sur l'estomac des supporters. L'horizon humain est assez court, disais-je, et quand on voit ce qui se profile et la défaite qu'il y aura déjà à digérer, on se dit que ce n'est pas plus mal.

lundi 2 avril 2012

Winner is Losc

Tandis qu'il récidive avec des petites phrases piquantes à l'endroit du corps arbitral, Jean-Michel Aulas semble rendre les armes définitivement avec, en marge de sa nouvelle saillie, une déclaration qui resterait anodine si elle n'était pas fausse : "en toute logique, le titre sera pour Paris ou Montpellier". 

Comment ça, "fausse" ?

Rigolez, chers lecteurs, puisqu'en matière de pronostics, je n'ai jamais fait preuve d'un grand talent. Mais qui m'aime me suive : je vous affirme avec force que ceci est archi-faux puisque le champion couronné le 20 mai sera Lille !

Célébration collective contre Toulouse, hier - Image d'un Lille en confiance et qui tourne à nouveau à plein régime.

Je suis un farouche défenseur du théorème selon lequel il ne sert à rien, pour gagner un titre, d'être devant à l'automne ; ce qui compte est de bien courir la ligne droite printanière - vous savez, le fameux "sprint final". Applicable à la perfection aux courses cyclistes et chevalines, cette loi qui, comme toute bonne loi, aménage des exceptions, l'est tout autant aux pelouses rectangulaires. Le mois de mars est, en effet, celui où les muscles se crispent à cause de l'enjeu, où les surprises déçoivent ou tâtonnent et où les plus ambitieux, qui ont réussi à ne pas se faire distancés au classement, roulent bruyamment, à tombeau ouvert, sur la bande d'arrêt d'urgence.

L'OM s'est longtemps fait le spécialiste de ces finish en trombe : parvenant avec plus ou moins de peine à accrocher une 6e ou 7e place au sortir de l'hiver, le club phocéen devenait irrésistible par la suite et grillait la politesse à ceux dont il ne voyait jusqu'ici que le dos.

Gare aux trajectoires

Cette année, avec trois sorties victorieuses de suite en mars, on tient notre candidat : le champion de France en titre, le LOSC de Rudi Garcia et Eden Hazard. A côté de lui, Montpellier résiste, mais a pour pire défaut d'être régulier, tandis que le PSG commence à patauger, voire à gamberger, et doit gérer le cas Nenê - ce sont peut-être d'infimes vaguelettes par rapport aux remous qui secouent d'ordinaire le club de la capitale en novembre, mais c'est aussi le signe que tout ne tourne pas si bien là-bas.

Les Dogues seront-ils capables de prolonger la série et de subtiliser la couronne promise aux princes du Parc ? A l'instar du vélo ou des chevaux, il faut jeter un oeil sur le parcours pour se faire une idée. Or, à 8 journées de la fin de saison, les Nordistes en ont déjà fini de batailler avec les équipes du top 10, à la double exception notable d'une confrontation directe contre Paris (à Lille, le 29 avril) et Montpellier (à la Mosson, le 12 mai) en mode explication de texte.

Ce n'est pas habituel, mais le ciel du Nord est décidément bien bleu.

(Évidemment, à l'instant où je mets un point final à cet article, So foot me devance et - disons-le - me copie allègrement...)