dimanche 23 octobre 2011

Ki-we are the champions!



OS a aimé : la ferveur d'une nation, debout derrière ses All Blacks ; le début de match des Français ; la seconde mi-temps des Français et le doute instillé dans l'esprit de Kiwis tendus par l'obligation de l'emporter ; la défense ergotée du coq ; la hargne d'Harinordoquy et de Dusautoir ; les courses de Read ; l'essai de Woodcock ; les 60 mètres du banni Trinh-Duc ; les dix dernières minutes d'intensité pure ; les commentaires précis et éclairés de Kuzca ; la réconciliation, la volonté du XV blanc de jouer, de ne pas "insulter" la finale et de sortir la tête haute en vainqueur "honoraire" ; le happy end malgré tout.

OS n'a pas aimé : la chorégraphie énigmatique et la marche en avant du XV français au moment du haka néo-z ; l'assassinat de la finale par la pub lancée par le diffuseur exclusif de la finale - TF1 - à une minute du coup d'envoi ; la moustache de Lièvremont ; les fourberies de McCaw et son poing dans le visage de Parra ; les "Elonou" de Christian Jeanpierre ; le manque de réussite des buteurs, de la révélation Weepu surtout ; l'arbitrage de... l'arbitre ; la confiscation déloyale - et intelligente - du ballon par des Blacks heureux de voir s'écouler le temps.

vendredi 21 octobre 2011

Shuffle up and deal ! *

Le poker a son propre langage auquel la poignée de lecteurs d'OS n'est pas forcément familier. En me promenant sur un forum où les membres partagent leurs expériences et délivrent leurs conseils, je suis tombé par exemple sur un échange entre joueurs dont voici un extrait :
"je viens d'arriver a la table. j'ai juste jouer 3 main avant je ne connait pas vilain, flop et turn je ne relance pas car je veux lui laisser ses bluff et je pense être payer que par mieux et il y a quasiment pas de tirages. mais river j'ai eu une décision difficile. je voulais connaitre votre opinion face a ce genre de mouve et savoir si c'est ev+"
Réponse : "Sans read fold river il représente vraiment peu de mains mais call overbet avec QT ici est spew." (source)
Ca vous parle ? Et encore, je vous passe le discours ultra-vernaculaire :
"Vilain est ce que j'appelle plutôt un "reg fish", je l'ai 24/17/2.7% de 3bet, 52% de fold to 3bet et 1.1 d'agg sur environ 1Kh. Le squeeze preflop est assez std imo. Flop je Cbet environ moitié pot ce qui est mon standard sur les boards relativement secs et il call vite. Turn c'est une bonne carte pour ma main mais ça améliore grandement sa range aussi qui peut être AK, QQ, flush et un random 33/22 mais peu probable. Ok avec la ligne? et action turn ? shove? bet/call? C/F? C/R? Le pot fait 15€ et il reste 20€ effectif environ" (source)
Contrairement aux idées reçues, ce jeu de cartes est d'une technicité folle, tout ne reposant pas sur le hasard. Mais je me demande parfois si les codes verbaux qui sont utilisés à l'envi par quelques-uns n'ont pas été inventés pour faire fuir ou complexer les nouveaux venus. Une sorte d'écran de fumée, en somme, qu'il n'est vraiment pas nécessaire de connaître, sauf pour se faire reconnaître comme membre de la communauté du poker. C'est que le poker aussi très psychologique. Il mise beaucoup sur les apparences et il n'est pas rare de trouver installés à côté de soi, sur une table, des joueurs qui cherchent à vous impressionner en manipulant des mots dont ils ne connaissent pas tous la signification exacte. Du haut de ma si petite expérience, une partie de poker live ressemble à un jeu de qui-c'est-qui-fait-pipi-le-plus-loin auxquels participeraient des concurrents un poil mythomanes ou "méga-testostéronés" et d'une mauvaise foi excusable parce que vitale.

Il est plus facile de contourner la complexité du langage que celle du poker lui-même. On entre là, en effet, dans le registre des incontournables. C'est l'évidence, mais il faut au moins connaître les règles - encore faut-il savoir à quelle variante on veut jouer -, ces règles dont on dit qu'il faut cinq minutes pour les apprendre et toute une vie pour les maîtriser. Et puis, l'instinct ne faisant pas tout, il faut connaître les clés, certaines astuces et les paramètres à prendre en compte avant de prendre sa décision. Car, s'il faut résumer le poker en une ligne, je dirais que le poker est un jeu de décisions. Trois options s'offrent à vous continuellement et vous devez trancher : jeter, checker/suivre ou miser/relancer. Reste à faire le bon choix au bon moment et les éléments à considérer sont d'une variété infinie : structure du tournoi, niveau, nombre de joueurs à la table, position, nombre de joueurs dans le coup, volume des tapis (stacks), cartes en main, cartes de l'adversaire, historique, profil des adversaires, taille du pot, gestion du temps, espérance de gain, cotes, cycle de chance, fatigue etc...

J'ai envie d'écrire sur le poker pour en dévoiler la richesse, mais je ne veux pas non plus ennuyer mes rares lecteurs. Alors, j'oscille - voyez comme je prends soin de vous... ! Comment partager ma nouvelle passion, vous convaincre de sa subtilité ?

Vous savez quoi ? Je crois que j'ai trouvé : des exemples concrets et bien choisis feront l'affaire et vous en diront bien plus que les théories parfois lourdingues, quand elles ne sont pas fumeuses. J'essaierai d'en vulgariser l'analyse pour ne pas vous endormir.

Je prépare un premier billet sur une main que j'ai jouée récemment et qui plante le décor - si j'échoue à vous tenir en haleine, vous aurez tout le loisir de zapper ou de vous contenter des dernières lignes du message ; je ne vous en voudrais pas. En attendant, voici de quoi vous mettre l'eau à la bouche : une main de cash game (hors tournoi), opposant deux surdoués déjà millionnaires, Tom Dwan et Phil Ivey.


Le poker est intensément psychologique. La décision se fait aussi parfois en amont, avant que le croupier ne retourne les premières cartes du flop, que l'on ait entre les mains une paire d'As, une épée en plastique - une "poubelle" - ou un T 8 spéculatif (T pour ten ou dix).

Il paraît que "le plus important au poker, ce ne sont pas les cartes, c'est ce que vous en faites". Maintenant, vous le savez - la preuve par l'image. 

* Cette phrase rituelle sonne le début des tournois de poker. Elle ordonne aux croupiers de "mélanger" et "distribuer".

mercredi 19 octobre 2011

Demi-Tour de France

Du cyclisme sur OS ? Suis-je devenu hérétique ?

Il est vrai que je n'ai jamais consacré la moindre ligne au vélo ni au Tour de France. Mais, à nouveau blog, nouvelles envies - après tout, il n'y a pas qu'aux autres sports que je dois porter préjudice... : celle de relayer, à travers le blog, certaines informations que je considère comme marquantes pour le sport et qui auraient pu passer à travers vos gouttes. Celle, aussi, de ne pas tricher, d'avouer qu'une des premières choses que j'ai faites ce matin a été d'aller découvrir le parcours de la nouvelle Grande boucle, dévoilé la veille en grande pompe - allez savoir, un relent de l'enfance... Celle, encore, de partager une réflexion très personnelle après avoir regardé cette vidéo.


La remarque vaut ce qu'elle vaut, c'est-à-dire pas grand chose - c'est surtout un prétexte pour évoquer le Tour. Mais je me suis projeté, au mois de juillet, et je me suis demandé comment j'allais pouvoir expliquer à un petit homme que le Tour de France ne fait pas le tour du pays. Moi pour qui les mots ont un sens et qui tient à l'enseigner sous les yeux connivents de sa maman... Un tour qui n'est pas un tour ; ça commence mal...

dimanche 16 octobre 2011

Un coq dans le potager

Plaquage "cathédrale" de Sam Warburton
sur Vincent Clerc à la 18e minute
Avez-vous déjà vu une poule dans un jardin ? La volaille donne l'impression d'être née hier, d'être totalement perdue chaque fois qu'elle pose la patte là où, la seconde d'avant, elle n'avait jamais pensé la poser. Penser est à vrai dire au-delà de ses moyens. Ses pas sont improvisés, ses réactions aussi. Tout semble sujet à la découverte ou à l'expérimentation, et même la terre qu'elle foule a l'air d'être une énigme pour elle. Ca se lit dans ses yeux vides.

Le rouge est de sortie

Ce matin, sur la pelouse de l'Eden Park d'Auckland, la rencontre improbable d'un coq et d'un poireau a tourné à l'avantage du volatile à la crête aussi rouge que le carton sorti par l'arbitre francophone M. Rolland - dont les décisions sont critiquées en Nouvelle-Zélande - après un plaquage dangereux de Warburton à la 18'. Avec la blessure, un peu plus tôt, du pilier Adam Jones, la partie semblait dès lors pliée : le rugby est un gagne-terrain et amputer une équipe d'un élément simplifie au moins numériquement la vie des quinze assaillants ; les brèches n'ont pas à être créées, elles sont données à ceux qui portent le fichu ballon ovale.

Tout, bien sûr, ne se réduit pas aux mathématiques, mais l'avantage donné au coq français sur le poireau gallois devait être décisif. On imaginait déjà déferler les innombrables vagues bleues sur la défense adverse qui, à bout de souffle et de force, devait logiquement céder à un moment ou à un autre. Oui, mais voilà, c'était sans compter sur le XV hexagonal.


Aux antipodes du rugby

Faute d'être un expert en rugby, je ne suis pas à l'abri d'une erreur grossière d'analyse. Je ne saurais dire, par exemple, si les hommes de Marc Lièvremont étaient tendus au point de vouloir assurer l'essentiel ou s'ils ont simplement profité de l'expulsion de Warburton pour gérer le score avec une rigueur scientifique. Ils n'en ont pas donné l'air, bien au contraire. Et, à en juger par l'ambiance autour de moi, dans le bar, le sentiment était assez largement partagé.

Le rugby est un sport fondamentalement collectif même si l'on compte toujours sur l'exploit individuel d'un coéquipier pour faire la différence sur un crochet ou une passe. De collectif, il n'a surtout pas été question côté Bleu. A l'image du reste de la campagne néo-zélandaise, hachée et laborieuse, on a senti l'impuissance d'une équipe à peine soulagée par l'exclusion du capitaine gallois. A la limite, ce fait de match a eu l'effet inverse de l'angoisser davantage - ah, quand la peur de perdre prend le pas sur l'envie de gagner... Tout a été infiniment brouillon, sans génie, dans la bricole. Pourtant, là n'est pas le pire : le refus de jouer, le refus de porter le ballon à la main et de partir à l'assaut de la muraille rouge ; ça, c'est le pire. Or, la volonté de révolte est la seule chose qui doit vous animer lorsque l'imagination ou le talent vous a quitté.

Les Gallois, en face, ont tenté, couru, porté, soutenu, relayé, transpercé, réceptionné, plaqué, saigné d'un sang qui n'était pas toujours le leur. Ils ont démontré qu'ils connaissaient ce sport, le portent dans leurs gênes et le vivent dans la boue et dans les pubs. On ne demande pas aux Français d'écraser leurs adversaires, mais d'aller au combat, de ne pas y renoncer. Mais, sans mains, sans jambes, sans coeur...

Après 40 minutes de néant et 9 points marqués, le XV de France allait-il sortir de sa torpeur ? Non, le score n'évoluera plus en seconde période. Plus alarmant, le naufrage a été collectif. Le coq était perdu au milieu du jardin néo-zélandais et a tâtonné longuement. On craint la confrontation finale contre le maître des lieux.


Des Blacks et une bête noire

A l'autre bout du monde, la presse se réjouit de la victoire de la France et annonce une partie de rigolade. Il y a sans doute une part d'arrogance qui sera une source de motivation supplémentaire pour les Français - et, qui sait, de cohésion ? Il y a aussi l'envie inconsciente d'en découdre définitivement avec un XV maudit, qui réussi mal à la Nouvelle-Zélande en coupe du monde. Le coq est la bête noire des Blacks. Est-ce assez pour espérer quelque chose ? On semble loin, très loin de la victoire de 1999 et du respect de Jonah Lomu pour les courses "aériennes" de l'ultra-léger Philippe Bernat-Salles.

La une du Herald Sunday : "80 minutes et on rit"...
Tout est cependant possible tant que le match n'est pas joué. Et alors, qu'importe le résultat. Nous avons envie de fête, d'émotions, de ballons joués à la main et de flèches lancées dans le mur adverse. Nous avons envie de rugby, enfin. Il reste aux destinataires du message de l'entendre et de ne pas faire regretter la défaite des rugbymen du Pays de Galles.

jeudi 13 octobre 2011

En attendant demain

Dans les premiers temps de la rencontre qui a vu l'équipe de France arracher sa qualification directe au prochain Euro, en juin, je me suis demandé ce qui allait nourrir mon billet. J'ai longtemps oscillé entre un discours sur les origines de la ola, lancée à la 27e minute par un Stade de France plongé dans un ennui profond, et un mémo sur Intermeco, l'hymne national bosnien. Sans doute grandement aidé par le fait que le texte est introuvable (l'hymne n'a pas de parole...), ma décision a néanmoins dévié assez rapidement de ces cibles de substitution pour se reconcentrer sur le match - décisif - de mardi soir.

Paris reporte Safet

Au risque de vous surprendre, je ne vais pas verser dans le pessimisme ambiant. Je ne sais si une mouche m'a piqué, mais j'ai trop aimé la prestation des hommes de Safet Susic pour troquer mon sourire contre une grimace. J'ai aimé l'état d'esprit des premières minutes, l'occupation du terrain, leur pressing haut coordonné et la technique des milieux offensifs. Un bien beau collectif qui donnera du fil à retordre aux Portugais, en match de barrage.

Safet Susic, sélectionneur de la Bosnie et ancien meneur de jeu du PSG (1982-1991)
Évidemment j'ai envie de parler de nos Bleus, mais si la première mi-temps était d'une indigence rare, il faut aussi savoir reconnaître quand l'adversaire y est pour quelque chose. Car il a su profiter intelligemment des faiblesses d'un onze français tendu et apathique, et jouer un football décomplexé et offensif, à l'image de leur sélectionneur, ancienne gloire du PSG.

12e au dernier classement FIFA

Pour le reste, stigmatiser les folies d'Adil Rami ou le défaut de présence devant le but ne sert à rien d'autre qu'à brasser des vérités banales et stériles. N'ayons pas la mémoire aussi courte que les jambes de Valbuena : il y a un an, tout le monde s'accordait sur le fait que l'heure était à la reconstruction. Nous y sommes, les deux pieds dedans, et cela comporte son lot inévitable d'approximations, de crispations et de molle désaffection. Le temps ne semble jamais aussi long que dans ces périodes creuses, mais il ne faut pas se laisser aveugler : nous voulons tous offrir des leçons de football aux adversaires, jouer en confiance et susciter la crainte, gagner par quatre buts d'écart et célébrer une nouvelle génération de héros. Toutefois, la France est douzième au dernier classement de la FIFA et le pire est qu'elle est à sa place - être devancé d'un cran par la Grèce devrait être la seule cause objective de contestation.

Bien sûr, Ribéry, Abidal, Benzema ou Nasri sont des jolis noms sur la feuille de match. Mais, non seulement il y en a parmi eux qui n'offrent pas toujours leur meilleur rendement en Bleu ou qu'on ne voudrait plus revoir, mais il faut aussi regarder autour d'eux, ceux qui les accompagnent sur le terrain et le banc, quand ils ne sont pas à l'infirmerie.

Samir Nasri, après le penalty (78') qui offre le précieux ticket aux Français.
Nous sommes qualifiés après deux campagnes internationales ratées et traumatisantes. Nous sommes qualifiés avec des joueurs dont certains seront les cadres de demain - M'Vila, Martin, Gourcuff, Debuchy. La vérité est là, crue : nous sommes sortis en tête d'un groupe moyen avec des joueurs moyens ou en cours d'éclosion. Ménez, Rémy, Diarra, Hoarau, Kaboul, Cabaye, Gameiro, Rami ou Valbuena ne sont pas les alter ego de Bastian Schweinsteigger, de Xavi, de Rooney ou même d'Eden Hazard - ça se saurait et ça se verrait. C'est cet écart qu'il faut accepter de digérer.

Je ne suis pas d'un optimisme démesuré. Ce que je vois continue souvent de me faire hérisser les poils et je ne suis pas sûr de vibrer en juin. Je n'oublie pas non plus qu'il y a eu de bons passages lorsque l'heure n'était plus au calcul, mais à l'envie d'aller chercher quelque chose. Qui sait si, mardi soir, les sourires affichés après l'égalisation de Nasri ne signifiaient pas, plus que la délivrance, le début d'une belle aventure ?

Un groupe ne se construit pas sur décision, le temps n'a pas encore fini son oeuvre. Il faut savoir résister à la grogne collective et faire preuve de patience, car l'heure de faire les comptes n'est pas encore venue.

samedi 8 octobre 2011

On albanais ! On albanais !

La rencontre d'hier soir n'aura donné ni sueurs froides ni grandes émotions ; la faute à un adversaire deux crans en dessous de la moyenne européenne. Elle aura seulement nourri le sentiment du devoir bien accompli. Car si je ne parviens plus vraiment à m'enthousiasmer pour cette équipe de France, il faut dire que la copie rendue mérite bien un A.

Et un, et deux, et trois zéro...

Face à l'Albanie, je retiens trois noms : M'Vila, Nasri et Rémy.

Trois joueurs clés pour la victoire 3 à 0 contre l'Albanie (Qualifs Euro 2012)

Le premier n'a pas uniquement été impérial dans la récupération et dans la première passe. Rarement décevant sous la tunique bleue, le natif d'Amiens s'impose, à vingt-et-un ans, comme la tour de contrôle du milieu de terrain et marche sur les traces d'un Vieira à qui il ne ressemble pas. Il a surtout fait preuve d'une intelligence exemplaire : sous la menace d'une suspension pour le match décisif de mardi, Yann M'Vila a joué des épaules pendant 90 minutes sans jamais franchir la ligne jaune.

Une fois n'est pas coutume, le "petit prince" Nasri a justifié sa présence dans le onze de départ. Impressionnant sur l'action à l'origine du deuxième but, il a été utile dans la conservation du ballon et pour trouver les intervalles. Il a été ce qu'on attend de lui et ce que Malouda n'est pas malgré un CV bien épais : un leader sur le terrain - un leader technique, mais aussi physique ; et ça fait du bien.

Le troisième homme est le plus "Henryesque" des attaquants de l'Hexagone. Loïc Rémy ne compte pas parmi le gratin mondial, mais il est précieux en ce moment, à Marseille comme à Clairefontaine. Sa mobilité, ses appels de balle excentrés, son repli défensif sont des signes que le joueur est en confiance. Il gâche parfois, rate un peu, mais ne ralentit pas le jeu, ose, provoque et marque. Que demander de plus ?

Ca commence à sentir bon le bortsch

Evidemment, il y avait d'autres Bleus dans le jardin de Saint-Denis. L'un des hommes du banc n'est d'ailleurs pas passé inaperçu : le nom de Djibril Cissé a été scandé longuement dans l'enceinte du grand Stade. Il est certain qu'il n'y a pas joueur plus courageux, plus fort mentalement et plus fier de porter la virgule blanche sur le maillot - comme sur le crâne. Mais que le revenant fédère à ce point le public est une énigme, sauf à imaginer que le Français moyen rêvait à cet instant d'une bonne dose de hors-jeux, de crête punk ou d'une jambe brisée.


Le plébiscite a eu son revers malheureux : les sifflets qui se sont abattus des tribunes contre Gomis n'avaient pas lieu d'être, le Lyonnais s'étant montré intéressant et non avare d'efforts. Il fallait pourtant en sacrifier un et le peuple avait décidé que ce serait celui-là. Laurent Blanc, peut-être surpris qu'on lui force ainsi la main, n'a pas pris le risque de se mettre à dos des supporters réconciliés, mais toujours prompts à la rancune.

Parmi les titulaires, Mathieu Debuchy a incontestablement marqué des points. Tranchant, présent, rapide et accrocheur, le Lillois a déjà fait autant que Bacary Sagna en une campagne à son poste. Côté remplaçants, la rentrée de "MM" a permis de vérifier que le jeune joueur, qu'on dit en baisse de régime en ce début de saison, est encore capable d'adresser un bijou de passe décisive à destination de Réveillère, placé à gauche pour une pige inattendue et auteur d'un but très pastorien. Car, s'il n'était pas sur la pelouse hier, l'ombre de la pépite du PSG Javier Pastore a plané sur le match en donnant des idées aux buteurs du soir. Qu'ils copient l'artiste ne me gêne évidemment pas. Attention toutefois, au moment de passer la douane polonaise, à ne pas emmener l'Argentin dans leurs valises, mais seulement le DVD de ses exploits ; trop de talent chez les Bleus, ça finirait par se voir...

mercredi 5 octobre 2011

A la droite de Dieu

Le retraité Zidane continue de "créer le buzz", comme on dit. Des sorties médiatiques parfois programmées pour honorer un contrat, mais pas toujours. Il arrive que tout se passe malgré lui, pour des pseudo-événements qui ne valent objectivement pas le prix de l'encre web. Pour certains, le suivre ainsi à la trace est une manière de prolonger la magie. Pour d'autres, décortiquer ses faits, ses gestes, ses projets, est l'occasion de commentaires parricides ou de règlements de compte plus ou moins personnels. Quelle que soit l'intention, le cordon ombilical n'est toujours pas coupé.

On apprenait lundi soir, au sortir d'une journée de travail bien remplie, que l'ancien numéro 10 allait reprendre le chemin de l'école. Quelques heures plus tôt, il lâchait dans une interview parue au Parisien : "Sélectionneur, pourquoi pas ? Ce ne serait pas mal… Tout est possible dans la vie". Autant de déclarations relayées par tous, qui donnent à mordre à quelques-uns.

J'aurais dû en être...

Je ne suis pas certain qu'il soit dans la nature de Zinédine d'être coach ou formateur. Mais la parenthèse que je voulais ouvrir n'est pas celle-là. Il faut que je vous dise que le ciel m'est tombé sur la tête et ceux qui me connaissent bien parleront ni plus ni moins de malédiction.

La promotion "Zidane" compte, outre ZZ, Eric Carrière ou Olivier Dacourt...

La formation que Zidane commence à suivre depuis ce mercredi, jour de rentrée, est la meilleure de France en son genre, voire d'Europe. Il s'agit du DU Manager général de club sportif professionnel, exclusivement ouvert aux anciens sportifs professionnels et dispensé par le très fameux Centre de droit et d'économie du sport de Limoges... Limoges... Limoges...

Pardon, je m'égare... C'est que j'ai eu l'occasion de passer par la petite cité récemment et de visiter les locaux du CDES... Un oral de sélection pour une autre formation, dont les modules présentent un contenu commun au DU...

Soudainement, je relis de mémoire la lettre m'annonçant le refus du CDES. Ca réveille la déception et me rend plus amer encore. C'est que je n'ai pas choisi de postuler l'année dernière, il n'intégrera pas le DU dans deux ans. C'était là, maintenant ; et le rendez-vous est manqué...

samedi 1 octobre 2011

The English Way of Life

Il m'arrive souvent de penser que, sans le génie créatif de nos absurdes amis anglais, la vie n'aurait décidément pas la même saveur*.

Dernière invention en date, ce qui pourrait ressembler à première vue à du beach cricket.

Les Brambles, ce mercredi.

Si le cricket, sport exotique et insulaire, suscite l'incompréhension légitime des continentaux, le cricket sur l'eau se déroule en dehors de toute compétition officielle, lors d'un événement ponctuel, un peu à l'image de la Boat Race pendant laquelle les promotions de Cambridge et d'Oxford se font concurrence sur la Tamise. Ce rendez-vous insolite a lieu le jour de l'année où la marée est la plus basse, au sud du pays, entre Portsmouth et l'île de Wight. A cet instant et à cet endroit précis, la Manche laisse découvrir une étroite bande de sable, longue d'une dizaine de mètres, connue sous le nom de Brambles ; autant dire, le terrain de jeu rêvé pour une partie de cricket entre amis.

Comme toujours, les Anglais prennent la chose très au sérieux et les participants arborent la tenue blanche de circonstance - un art de la mise en scène qui décuple la tendresse de mon regard. Dans le public, certains surveillent le niveau de l'eau quand d'autres ont les yeux rivés sur leur pinte. Car la joute est d'abord prétexte à boire et à manger, bref à prendre du bon temps. "Il y a peu de jours dans une année qu'on attend comme celui-là : son anniversaire et celui de son mariage - quand on arrive à s'en souvenir - le jour où votre femme accepte de faire l'amour et le match de cricket aux Brambles !"

Après une trentaine de minutes, la Manche reprend ses droits. Le lieu se vide d'hommes et se remplit d'eau. La parenthèse est refermée. Merci d'avoir pensé à l'ouvrir il y a trente ans - un Français n'aurait jamais su. 

* Je porte un regard chaud, plein d'admiration sur les inventeurs du pudding et de l'humour - est-ce un hasard si l'un et l'autre sont sortis de leur imagination ?