mercredi 21 décembre 2011

Welcome Mr Beckham

L'arrivée de David Beckham dans le championnat de France est incontestablement le premier fait marquant du mercato hivernal : au rythme où vont les choses et au regard des ambitions sportives et extra-sportives des richissimes propriétaires du club de la capitale, il y en aura sans doute d'autres. Mais, au risque de chatouiller l'oreille des plus sceptiques, j'ai la conviction que ceux qui suivront n'auront pas le même éclat. On ne parle pas en effet de n'importe quel joueur. David Beckham est une star, au vrai sens du terme. Il appartenait à l'élite mondiale il y a quelques années encore. Si j'osais l'exagération, je dirais qu'à côté de lui, le pied droit de Pedretti fait figure de pied gauche de Max... Oui, that's it : le meilleur compliment qu'on peut adresser à Beckham est certainement d'écrire qu'il a une main au bout de sa cheville.


Derrière le joueur mannequin que tout le monde voit se cache un superbe...

Sa venue est forcément une bonne nouvelle. Une bonne nouvelle, pourquoi (Ca y est, je me mets à écrire comme Laurent Wauquiez parle...) ? Parce que, retraité ou non, le joueur est un exemple à suivre. Tous ceux qui ont bossé avec lui vantent des qualités qui forcent l'admiration et le respect : humilité, hygiène de vie, professionnalisme... C'est aussi pour cela qu'on se trompe quand on lit, ici et là, que le Paris Saint Germain a besoin d'un leader et qu'il y a, partant, une place pour lui dans le club. Je ne crois pas que David Beckham soit de ces patrons qui recadrent les plus jeunes ou replacent les moins disciplinés. C'est une question d'égo. Je ne m'attends pas non plus à ce qu'il s'amuse à passer en revue la jeune garde des équipes adverses ou à enfiler les buts sur coups francs comme des perles - l'influence des huitres, sans doute, en cette période de fêtes. Je devine les sifflets tomber des tribunes au bout de trois journées. Déjà, à Gennevilliers, les blogueurs parisiens doutaient de l'utilité de son transfert au Parc quand ils ne se moquaient pas ouvertement de sa femme - j'ai tenté en vain de comprendre ce que la spicy Victoria avait à faire là-dedans... L'Anglais sait-il que le public est bête comme ses pieds - pas les siens - et que ses premières foulées sont attendues avec un solide a priori sur l'état de ses jambes ? Le Parc sait être hostile à ses propres joueurs, comme partout ailleurs en France, et s'y prépare déjà avec opiniâtreté.

Je suis heureux de voir le number 7 fouler les pelouses françaises. Je prie pour que, derrière les rampes du Camp des Loges comme dans les vestiaires, il n'y ait pas tant de jaloux ou de benêts pour ne pas l'accepter. Au coach, maintenant, de trouver les mots pour parler à ses hommes afin de dégonfler les égos. A lui, aussi, de trouver les moyens d'intégrer l'international anglais dans l'effectif et sur le terrain. Cela exige un sacrifice et il lui revient de décider qui doit sauter. Ce n'est pas mon boulot, même si j'avouerais ma préférence somme toute naturelle pour la place de milieu relayeur, aux côtés du récupérateur. Pour ma part, j'ai reçu mon cadeau et vais devoir attendre mi-janvier pour le savourer.

lundi 12 décembre 2011

Pierrot la Cup V : OS y était

Il y a peu, j'évoquais deux surprises. Levons le voile sur la première : je suis récemment parti à Gennevilliers afin d'y disputer la 5e édition de Pierrot la Cup et j'attendais les images pour partager ça avec vous.

Le tournoi est organisé par et en présence de Pierre Ménès, alias Pierrot le foot. Autant vous le dire tout de suite : j'aime assez celui qui torpille à tout va car j'aime sa connaissance du football et ses exigences. Je ne m'arrête pas comme beaucoup à ses coups de gueule qui ont fait de lui le personnage médiatique qu'il est. Je ne le trouve pas tant dans l'excès et, même, je partage assez largement ses analyses. De là à dire qu'elles sont justes...

Pour tâter le cuir à cette occasion, il faut recevoir son carton d'invitation. Oui, vous lisez bien : je me suis fait inviter par le maître des clés. C'est une grande fierté, mais précisons tout de suite que c'est la seule ! Le bilan comptable de mon équipe à l'issue des matchs de poule a, en effet, été 0 point, 3 buts marqués, 13 encaissés... En terminant dernière, elle s'est hissée péniblement en quart de finale - ben oui, il y avait huit équipes engagées ! Là, nous nous sommes faits étrillés avant de remporter deux matchs "amicaux" pour nous consoler.

Noir et blanc, jaune et bleu

L'Urban foot est une espèce de foot en cage endiablé où vous pouvez jouer avec le mur et qui exige de l'endurance, de la puissance et une technique adaptée pour les petits périmètres* ; en somme, tout ce qui me fait défaut. Après quelques instants comme joueur de champ, j'ai sagement choisi d'occuper le poste de gardien, le seul où j'ai pu apporter quelque chose. "Sagement" n'est d'ailleurs pas tout à fait bien choisi : le ballon dur comme de la brique vous arrive du milieu de terrain et vous retourne les doigts à la moindre occasion. De fait, j'ai rapidement troqué les couleurs de la Vieille dame - noir et blanc - contre une peau couverte de bleus et de jaunes. Mais, dans l'ensemble, j'ai passé un bon moment. Je vous laisse voir tout ça en images - attention, j'y joue presque les premiers rôles...







* L'Urban foot se distingue du futsal ou du foot en salle (qui se jouent tous les deux sur un plus grand terrain - terrain de handball, généralement)...

jeudi 8 décembre 2011

Il pleut sur Zagreb

Le stade est vide, mais les lumières blanches des tours de Maksimir ne sont pas encore éteintes. Une odeur d'alcool et de tabac froid descend des allées menant aux tribunes et m'envahit les narines. Des papiers déchirés jonchent le sol. J'arrive devant un cordon bleu. Deux policiers se retournent vers moi. L'un d'eux tient un gobelet de bière. Un gobelet de mousse, plutôt, que l'alcool a déjà déserté à cette heure où la température de l'air est redescendue sous le zéro.
"Ah ! C'est vous..."


Je ne m'attendais pas à une réaction de franche camaraderie de leur part. On a beau faire partie du même bateau, qu'ils voient d'un mauvais oeil la venue d'un enquêteur français ne m'étonne guère. A leur place, je ne serais pas sûr d'accepter non plus, sans réserve, pareille intrusion sur mon territoire.
"Qu'est-ce que vous avez ?
- Une victime. Néerlandaise. Le crime remonte à moins de deux heures.
- Des témoins ?
- Plusieurs milliers.
- Un suspect ?
- ..."
Je ne parviens pas à savoir si le regard de mon interlocuteur marque la surprise ou le mépris.
"Francuski ! 
- ... Où sont-ils ?"
Je pose la question par politesse. En réalité, je connais la réponse. Le bus des Français est certainement en route vers l'aéroport de Zagreb dans l'indifférence totale. Le plus costaud des deux agents me semble plus préoccupé par la manière dont il va pouvoir remplir son verre vide que par la perspective de les cueillir avant l'embarquement. On jurerait, par tant de nonchalance, qu'ils fuient avec la bénédiction des autorités locales.

La rumeur s'est répandue comme une traînée de craie dans toute l'Europe : la victime, ancienne habituée des projecteurs, aurait été violée par onze, douze, peut-être davantage, assaillants lyonnais qui, tous, ne sont pas dans la force de l'âge.
"Fait chier... Pour une fois qu'on a l'occasion de faire la fête, de partager simplement un bon moment... Hier, Marseille m'a fait vibrer comme quand j'avais 14 ans. J'avais pas les frissons, pas les mêmes, mais c'était au moins aussi intense. Avec un finish digne de la tête de Kombouaré, un Azpilicueta parfaitement intégré, un Rémy de plus en plus jumeau d'Henry et, même, un Diarra en "homme qui marche" qui n'y croyait plus à la 57e... Et vlan la tête du fils d'Abedi à la 84e ! Et vlan la frappe d'ailleurs de Valbuena à la 87e ! Et aujourd'hui, c'est Lyon, un cas désespéré, 5 % de chance de leur côté... Il faudrait un concours de circonstances impossible, la victoire du Real à Amsterdam et un festival offensif en Croatie ! Aussitôt dit, aussitôt fait ! Un quadruplé de Gomis ! Un qua-dru-plé ! Et puis bing ! Les tireuses sont à peine à sec et voilà qu'on m'appelle parce que, "on a beau dire, c'est quand même bizarre"... Fait chier... Ouais, bien sûr, moi aussi ça m'a intrigué. Moi aussi, j'ai dit tout haut que la main du président croate a dû serrer celle de Bernard Tapie dans les vestiaires... Ok, mais c'était en plaisantant ! Faut arrêter de voir le mal partout et savourer, merde ! Mais ça, c'est pas possible, c'est au-dessus des forces de l'être humain... Ok, marquer 7 buts à l'extérieur avec une équipe B quand vous n'êtes pas en confiance et qu'il vous faut marquer au moins 4 ou 5 buts... Mais... On ne croit plus en rien, plus à la magie. Pas même à celle de Noël, putain ! Et ces enquêteurs de pacotille, de l'autre côté des Pyrénées, qui dissèquent les images comme des cadavres et croient voir dans un clin d'oeil plus fantasmé que vérifié l'aveu d'une complicité ! Non, mais je rêve ! Ce sont des dingues ! Bientôt, on va découvrir que Manchester United a fait exprès de ne pas se qualifier pour rompre avec la routine ou ou ou par crainte de se casser une nouvelle fois les dents sur l'os barcelonais... Ou que Franck Béria n'est pas moins fort que Debuchy, à gauche... On entend tout et son contraire, c'est épuisant. Tout ce qui est vrai est faux et tout ce qui est faux... Je n'en sais rien. Tout ce qui vit est prétexte à complot. "Dès qu'il y a des gros sous en jeu". Ah ! Faut pas compter sur Internet pour ralentir la circulation de ces on-dit ! Pas plus que sur les Espagnols ! Non, fait chier, vraiment. Il n'y a plus de confiance, elle est détruite sous prétexte que tout s'achète, que tout PEUT s'acheter. On se méfie de tout, de tout le monde, en permanence. De son voisin de palier ou de sa femme. D'un gardien anglais qui fait une bourde ou d'un arbitre qui ne voit rien, sans se souvenir de ce que sont génétiquement l'un et l'autre. D'une passe ratée, d'un contrôle du genou sur une pelouse indigne d'un club de ligue départementale. Et puis, quoi ? Où est le mobile ! Vous croyez vraiment qu'on ferait ça pour un chèque de 3 millions d'euros et même moins puisqu'il faudrait reverser ce que l'on a - ce que l'on AURAIT - promis à l'adversaire ? Vous croyez que JMA serait prêt à cette extrémité uniquement pour se caresser l'égo et faire entrer son OL chéri dans le panthéon de la Champions League avec une énième qualification de suite en huitième de finale ? Pas de quoi franchir la ligne jaune, sérieux... Quand je dis qu'on doute de tout, l'esprit bien salé : l'enquête de l'ARJEL sur d'hyptohétiques paris frauduleux, c'est de la désinformation pur jus. On nous bassine avec son déclenchement pour sous-entendre beaucoup de choses sans l'écrire et entretenir l'idée d'un match truqué qui fait bander, alors que c'est une procédure tristement normale... Non, c'est vraiment une époque où tout ce que l'on fait est donné d'abord aux chiens... Putain..."
Je ne me suis pas aperçu qu'il s'était mis à pleuvoir. Les deux policiers sont toujours là, les cheveux abrités sous une casquette assortie à leur veste paramilitaire.
"Fichu temps, hein !
- Ouais, encore un coup de ces Chinois ! Ils projettent de conquérir le monde. C'est c'qu'on dit."
J'éteins la cigarette que j'avais oublié d'allumer en pensant au reportage de TF1 qui recyclait des vidéos d'agressions new-yorkaises pour illustrer la recrudescence de la violence à Paris. Allez démêler le faux du vrai, vous.

mercredi 7 décembre 2011

Al-Jazeera, Jazeera, Jazeera

Il fallait bien ce refrain révolutionnaire pour évoquer ce qui, de mon point de vue, sonne comme un coup de tonnerre dans le paysage audiovisuel français. L'information n'a pas pu vous échapper car, aussi platonique que le football puisse être, elle a été relayée par toutes les rédactions dignes de ce nom : Al-Jazeera, la chaîne quatarie, diffusera les rencontres de Ligue des Champions dès 2012, à l'exception négligeable des grandes "affiches" qui appartiennent à un lot qui reste à attribuer et dont TF1 a les droits jusqu'en mai. Exit donc Canal ; qui sait si l'on reverra encore les incomparables "palettes à Doudouce".


L'UEFA a tranché. Elle a attribué les droits télé des trois prochaines saisons de la reine des compétitions à "La Péninsule" - Al Jazira en arabe - chaîne sortie de nulle part dans les années 2000. L'attribution s'est réalisée sans surprise puisque le Qatar avance à découvert, ne cachant plus ses vues sur le marché européen et français. Une chose me chinoise tout de même dans cette main basse sur mes mardis et mes mercredis soirs. Je ne peux me sortir de l'esprit ce sentiment que cette affaire met plus que jamais peut-être en exergue les travers de la libre compétition économique entre opérateurs intéressés par la perspective de diffuser des matchs de Champions League et qui en font leur commerce - ou projettent de le faire ; un libre jeu du marché salué là par notre ministre des sports David Douillet, c'est dire... Quand on sait que Canal a signé un chèque de 30 millions d'euros par an pour empocher le dernier marché et qu'Al-Jazeera a proposé le double, je m'interroge sur le sens de tout, sur la morale, l'égalité des armes ou la concurrence (dé)loyale. Il n'y a pas eu combat, puisque la chaîne du Qatar a de facto éliminé tous ses concurrents en achetant les droits de retransmission bien au-delà du prix du marché et des capacités financières de Canal. Al-Jazeera est arrivée, a voulu, a vaincu. Le marché écrasé n'est autre que le jouet de ses nouveaux propriétaires.

Ne cherchez aucun sentiment patriotique ou "qatarophobe" dans mon billet ; mais le constat personnel que mon époque est décidément bizarre. Pas moins bizarre, en vérité, que la réaction d'Emmanuel Berretta, certainement bien renseigné, qui voit dans l'exclusion de Canal une vraie opportunité pour la chaîne cryptée : elle va pouvoir se replier sur les activités de création et production de fictions qui font sa nouvelle renommée internationale tout en réalisant une précieuse économie de 30 millions d'euros et en conservant les droits sur la Ligue 1. Certes. C'est oublier que si Canal est la chaîne du sport et du cinéma, elle est surtout celle du foot. Sans revoir rapidement à la baisse le prix de son abonnement, le risque est immense de voir le nombre d'abonnés fondre à vue d'oeil comme la neige à la flamme d'une bougie de Noël. 35 € pour un Bordeaux - Marseille au mois de février sans la promesse d'un Manchester United - Bayern, ça devient cher. Conseil d'un futur ex-abonné ?