mardi 21 août 2012

Un PSG peut en cacher un autre

Mikkel Hansen !...
Mikkel Hansen, nom d'une pipe !
L'air de rien, un autre PSG est en train de prendre vie en marge de celui qui monopolise l'attention. Rares sont ceux qui ont noté la mini-révolution "à fragmentation" qui a bouleversé le handball français. En juin dernier, à l'occasion de son rachat par le même fonds qatari qui a investi au Parc des princes, le club de Paris handball a été rebaptisé "Paris-Saint-Germain Handball" ; l'opération du cheikh al-Thani poursuit donc bien une ambition globale : faire de la capitale la capitale du foot et du hand européen (la refonte du site du PSG Handball façon "blockbuster US" en dit long sur leur maîtrise du marketing).

Le changement de forme s'accompagne d'un changement de fond, effectué non à coups de millions, mais de centaines de milliers d'euros - ce n'est que du handball : l'équipe new look qui va démarrer la saison mi-septembre pourrait remporter la Ligue des champions dès cette année... si seulement elle était inscrite dans la compétition : coach Gardent a été arraché à Chambéry, Luc Abalo et Didier Dinart ont plaqué l'Atlético (ex-Ciudad Real), Samuel Honrubia, le nouveau feu follet champion olympique, marche dans les pas de l'ancien Montpelliérain Mladen Bojinovic, l'épais pivot Gunnarsson est prêt à se visser dans les défenses hexagonales et et et... Mikkel Hansen, considéré comme le meilleur joueur du monde depuis une certaine finale du Mondial 2011, va promener son fameux bandeau en France - rendez-vous compte : c'est un peu comme si je vous annonçais que Cristiano Ronaldo allait, un jour, jouer contre Troyes, Ajaccio, Nancy...

On pensait que Montpellier (avec ses frères Karabatic et son mur Accambray) était le seul club à pouvoir rivaliser en Europe avec les plus grands (Barcelone, Atlético, Kiel, Rhein-Neckar Löwen...). Il a trouvé adversaire à sa taille à l'intérieur des frontières françaises. Ca promet...

vendredi 3 août 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (9)

Feu l'amateurisme ?

Le pré-retraité Larry Bird,
forme avec Michael Jordan et Earvin Johnson
le 3e élément de LA Dream Team,
médaillée d'or à Barcelone en 1992.
On ne peut contre la récupération économique des Jeux la même chose que contre leur récupération politique : rien. Les exclusions de Thorpe, mais aussi du coureur de fond Nurmi ou de l'Autrichien Schranz appartiennent bientôt au passé avec l'arrivée à la tête du CIO, en 1981, de Juan Antonio Samaranch, autre figure historique de l'Olympisme qui a juré d'ouvrir les portes des Jeux à tous les sportifs. C'est ainsi qu'une première page sera tournée en 1984 (le football français, qui monte pour la première fois sur la plus haute marche d'un podium international, lui doit énormément).

L'évolution sera progressive et continue (tennis en 1988, basket en 1992, cyclisme en 1996, etc.) et la Charte fera l'objet d'un lifting de forme et de fond pendant l'été 1991. Une nouvelle Règle 45 en résultera, qui régira les conditions d'admission des sportifs en lieu et place de l'ancienne Règle 26 (désormais, la Charte n'interdit que l'exploitation "à des fins publicitaires durant les Jeux Olympiques" de la personne, du nom, de l'image ou des performances du sportif). Faut-il la regretter ? Je ne le crois pas. Imposer l'amateurisme n'est pas indispensable si l'on considère que les Jeux sont, avant tout, la fête de tous les sports. Cela n'aurait aucun sens, sauf à considérer que la professionnalisation du sport est le fait du CIO ou que celui-ci l'encourage. Or, si l'on dénonce parfois les primes reçues par les médaillés, on ignore souvent qu'elles sont versées par les fédérations nationales et non par le CIO. Les Jeux vivent avec leur temps et le CIO, opportuniste, trouve dans cette nouvelle manne que représentent les équipementiers et les sponsors en tous genres des sources de financement qui les font vivre.

La rupture "politique" de 1981 n'a pas mis fin à l'amateurisme (la boxe persiste ainsi à envoyer des "amateurs", habitués à de modestes cachets pour leur combat). Les plus belles pages de l'histoire contemporaine des Jeux sont souvent écrites par des inconnus qui en font tous les 4 ans la légende (d'Eric Moussambani à triple champion olympique Tony Estanguet, en passant par Alain Mimoun ou, plus récemment, Hamadou Djibo Issaka). Mais sans l'ouverture, on ne nous aurait jamais offert la Dream Team... Il ne faut pas se tromper de cible. Ce sont les tricheries qui sont insupportables, la corruption, le dopage, l'absence de fair play. Ici comme ailleurs, ce sont aussi les excès, voire les dérives de la marchandisation du sport (les Jeux d'Atlanta sont souvent rebaptisés "Jeux de Coca-cola"). Qu'un athlète, au sens large, vive aujourd'hui de son sport ne me choque pas ; il n'y a que la démesure des contrats et des rémunérations qui me heurte. Quant à interdire par principe l'accès à cette fête mondiale sous le seul prétexte d'un statut professionnel, c'est une autre histoire.

mercredi 1 août 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (8)

Un divorce et des tricheries

Jules Ladoumègue,
coureur de fond,
vice-champion olympique
du 1 500 m (1928)
et multi-recordman du monde
de la distance
(1906-1973) 
A la fin des années 60, un mouvement d'économisation transforme le monde et il aurait fallu plus qu'une volonté de fer pour résister à celle du sport qui eut irrémédiablement lieu. Creuset de passions et d'émotions, le sport a, en effet, assez vite intéressé divers acteurs qui voyaient, dans les performances et l'image des garçons en short et des filles en collant, de belles perspectives de retour sur investissement - ce d'autant que les valeurs du sport sont de belles valeurs qui suscitent facilement l'adhésion de masse. La vague aurait d'ailleurs touché très vite l'olympisme si elle n'était pas vouée à s'écraser d'abord contre la fameuse règle 26 de la Charte. Aussi, comme la mer qui finit par contourner le château de sable avant de le recouvrir, une pratique se développe, qui ne sauve que les apparences : l'amateurisme marron, qui voit s'engager dans diverses disciplines des sportifs amateurs sur le papier, mais illégalement rémunérés.

Les champions de cette tricherie seront, notamment aux jeux de Moscou (1980), les pays de l'ancien bloc soviétique, pour qui une moisson réussie de médailles olympiques symbolise la supériorité de l'idéologie communiste. Mais, au-delà de ces petits calculs politiques, une partie de l'opinion publique elle-même finit par ne plus adhérer à l'idéal olympique ou, du moins, à ne plus comprendre son inflexibilité : le peuple veut voir ses champions, vibrer et se mesurer aux autres par procuration ; peu importe que ces champions soient de simples coureurs du dimanche ou des sur-hommes préparés et grassement primés. La radiation, en 1932, de Jules Ladoumègue, recordman incontesté du 1 500 mètres, ne provoquera-t-elle pas le désaveu des Parisiens, venus manifester un soutien public massif au coureur de fond ?

Ainsi l'amateurisme marron se trouve-t-il finalement honni par le CIO et pardonné par tous.