mardi 31 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (7)

L'autre olympisme de Maheu

René Maheu,
directeur de l'UNESCO,
dénonce une forme d'imposture,
le mensonge et le travestissement
de l'esprit des Jeux - faisant au passage
habilement parler les morts
puisqu'il se dit certain
que le baron Pierre de Coubertin,
homme à l'"étonnante liberté intellectuelle",
n'aurait pas hésité
à engager cette "révision courageuse"
des règles d'admission aux JO

La posture quasi chevaleresque du CIO annonce déjà le virage que va prendre le mouvement olympique au sortir des années 80 ; dernier raidissement avant un relâchement inéluctable. La chose olympique finira par échapper à ses maîtres sous les coups répétés de personnalités imperméables à un idéal vieillot et décalé. Le tournant sera marqué par l'assaut mené par un adversaire de taille : l'UNESCO.

Le Français René Maheu, son directeur général, jette un pavé dans la mare olympique en 1963 en défendant la "démocratisation du sport" : "le champion est nécessaire au sport (...). Si l'amateurisme est la vérité de la masse sportive, l'imposer à l'élite est sauf exceptions qui confirment la règle condamner cette élite au mensonge. Sur ce point, les conceptions éthiques de Pierre de Coubertin se réfèrent à un état de la société et à un stade technique du sport, dont il faut avoir l'honnêteté de reconnaître qu'ils sont dépassés (...). Aujourd'hui, le champion ne peut pratiquement sortir de la masse sportive que par un régime spécial qui en fait un athlète d'Etat, ou un athlète d'université, ou un athlète de société commerciale. Au sens strict du terme, ce n'est plus un amateur. Pourquoi tant hésiter à reconnaître que c'est un professionnel ? Est-ce que l'artiste le peintre, le musicien, l'écrivain est disqualifié pour toucher des honoraires ? Pourquoi l'argent (ou tels avantages matériels équivalents) souillerait-il les seuls champions sportifs, quand il ne souille pas les poètes eux-mêmes ? En réalité, ce qui souille, c'est le mensonge ; et il est grand temps, à mon sens, de dire les choses telles que tout le monde sait qu'elles sont, à savoir que les normes périmées de l'amateurisme ne font plus, au mieux, l'objet, de la part de la majorité des champions et apprentis champions, que d'une observance formaliste".

En dépit des réactions passionnées que la déclaration suscite, la thèse de l'amateurisme marron sonnera le glas de l'amateurisme "sourcilleux".

lundi 30 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (6)

"Nul n’est autorisé à tirer profit des Jeux Olympiques"

Avery Brundage,
ancien président du CIO,
gardien inflexible de l'olympisme
et de sa valeur "amateurisme"
(1962)
Quoi qu'il en soit de la bonne définition du sport, la règle de l'amateurisme a été voulue comme essentielle, intrinsèque aux Jeux, et elle est, dans la Charte, un principe somme toute beau et défendable. Régulièrement remise en cause depuis la fin de la seconde Guerre, la règle 26 a été mise à l'ordre du jour de la 59e session du CIO (Moscou, 1962). Il en est résulté l'adoption d'une "loi d'application", sorte de guide d'interprétation officielle.

Le texte rappelle tout d'abord qu'"un amateur est celui qui s'adonne et s'est toujours adonné à la pratique du sport par goût et par diversion, sans en tirer aucun profit matériel quel qu'il soit". Puis, il indique une série de cas dans lesquels le sportif doit être considéré comme professionnel et interdit de Jeux. Y figurent le sportif qui, sans l'autorisation de sa fédération sportive, a reçu un prix d'une valeur supérieure à 50 $, celui qui a "monnayé de quelque manière que ce soit" son renom athlétique, par exemple en apparaissant dans une émission de radio ou de télévision ou, encore, celui qui a interrompu ses études ou son travail "pour participer à un camp spécial d'entraînement d'une durée excédant 3 semaines". Sauf rares exceptions (journaliste sportif professionnel, sportif dont la perte de revenu plonge sa famille dans la difficulté, fourniture d'équipements...), toute forme de rémunération ou de remboursement du salaire perdu constitue donc une infraction à la Charte.

"Les Jeux reposent sur ces solides et splendides fondations et tous ces collaborateurs bénévoles sont déterminés à empêcher qui que ce soit, aussi bien les individus que les organisations et les gouvernements à en tirer un profit d'ordre personnel, politique ou commercial".

Jeux interdits aux amateurs ? (5)

Un olympisme moderne à contre-courant

Avery Brundage,
ancien décathlonien non médaillé
(Jim Thorpe était passé par là en 1912),
devenu président du CIO
(1952-1972)
La thèse - fervente - de Coubertin n'est pas acquise à l'époque où le baron cherche à l'inoculer dans la société européenne. En effet, en France, dès le XVIe siècle, sport et amateurisme ne vont pas forcément de pair et l'on croise par exemple des professionnels du jeu de paume, dont les gains sont fiscalement assimilés à des salaires. Outre-Manche, au XIXe siècle, des primes sont versées aux vainqueurs des tournois de golf et le football se professionnalise par petits pas en Europe : les joueurs, qui occupent par ailleurs un emploi salarié, reçoivent d'abord une indemnité d'interruption de travail lorsqu'ils prennent part à une compétition nationale ou internationale ; puis lorsqu'ils partent s'entraîner sur les pelouses ; puis lorsqu'ils fréquentent les salles de musculation ; puis... jusqu'à percevoir une indemnité forfaitaire mensuelle.

Chez les pro-amateurisme, cet état de fait est insupportable. Avery Brundage comptera parmi les combattants les plus virulents de cette dérive. Il écrit en 1954 : "d’après le dictionnaire, le sport est un passe-temps et un délassement. Il est un jeu, une action pour se divertir. Il est l’opposé du travail. Il est libre, spontané, joyeux. C’est une activité de récréation. Dès l’instant où il devient quoi que ce soit de plus, ce n’est plus du sport : c’est un travail, un métier. Le sport, s’il est vraiment du sport, est purement accessoire et il ne dérange pas le métier ou le gagne-pain quotidiens. Le sport est une a-vocation (un à-côté) ; non une vocation".

dimanche 29 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (4)

Libérer le corps

Le plaisir du corps est réservé
aux mâles. Il faut attendre 1928
pour voir des femmes courir
sur les pistes du stade
(cf. Le Prix d'un clou)
Derrière le pari de la paix par le sport, il y a, dans la pensée de Coubertin, la conviction intime que le sport - "l'athlétisme" - exalte des valeurs humaines, humanistes, aux antipodes de considérations matérielles et intéressées ; des valeurs qui seraient, en revanche, portées haut par les amateurs. Aucune démonstration ne vient, au fond, étayer cette croyance. Est-ce nécessaire ? L'idée paraît naturelle et à la portée de tous. Mais cette simplicité peut aussi la desservir et la faire passer pour un postulat, un parti pris irrationnel et contingent, une posture religieuse, idéologique et altérable. C'est peut-être en partie pour cela qu'elle subira des assauts réguliers de la part de personnes ou d'institutions d'influence, réalistes, modernistes ou à l'esprit mercantile, avant de définitivement céder entre 1988 et 1992.

Coubertin veut réhabiliter un corps discrédité, méprisé par les siècles intellectuels. Réhabiliter surtout le plaisir physique, celui, sain et simple, de cultiver le corps, de transpirer, de courir, jeter, sauter... Dans un second discours prononcé à la Sorbonne en 1894, il énonce : "les uns ont vu l'entraînement pour la défense de la patrie, les autres, la recherche de la beauté physique et de la santé, par le suave équilibre de l'âme et du corps, les autres enfin, cette saine ivresse du sang qu'on a dénommé joie de vivre et qui n'existe nulle part aussi intense et aussi exquise que dans l'exercice du corps". C'est cette excitation et cette extase qui motivent le rétablissement des Jeux et l'on comprend mieux, dès lors, que l'esprit "coubertiniste" qui anime ce projet répugne a priori à s'embarrasser de basses questions d'argent.

samedi 28 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (3)

Le discours du baron (1892)

Pierre de Fredy de Coubertin
a 29 ans lorsqu'il prononce
son discours à la Sorbonne,
dont les derniers mots invitent
au "rétablissement des Jeux"
Olympisme et amateurisme partageraient peu ou prou les mêmes valeurs ; des valeurs communes - par nature ou par décret - apparaissant en creux dans le discours du baron Coubertin (le fameux Manifeste olympique). C'est que l'aristocrate a d'abord en tête un projet de paix via le développement de la pratique du sport à l'école : "il y a des gens que vous traitez d'utopistes lorsqu'ils vous parlent de la disparition de la guerre et vous n'avez pas tout à fait tort. Mais il y en a d'autres qui croient à la diminution des chances de guerre et je ne vois pas là d'utopie. Il est évident que le télégraphe, les chemins de fer, le téléphone, la recherche passionnée de la science, les congrès, les expositions ont plus fait pour la paix que tous les traités et toutes les conventions diplomatiques. Eh bien, j'ai l'espoir que l'athlétisme fera plus encore (...). Exportons des rameurs, des coureurs, des escrimeurs ; voilà le libre-échange de l'avenir et le jour où il sera introduit dans les moeurs de la vieille Europe, la cause de la paix aura reçu un nouvel et puissant appui".

"En France, les jeux de paume sont déserts ; on y échange des serments, mais on n'y joue plus (...). Les jeux populaires étaient tombés en désuétude, l'accaparement du droit de chasse résultant de la constitution de la grande propriété avait privé la petite bourgeoisie rurale de son plaisir favori et si l'on voit, ça et là, des boxeurs s'entre-tuer ou bien quelque course à l'aviron se disputer sur la Tamise, c'est entre professionnels, pour procurer aux spectateurs le plaisir de perdre leur argent en paris exagérés. Rien de sportif, rien d'athlétique". Les fondements de l'olympisme moderne et désintéressé sont ainsi jetés.

vendredi 27 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (2)

Le scandale "Jim Thorpe"

Thorpe, professionnel malgré lui,
a subi les foudres de l'Olympisme
1912, Jeux Olympiques de Stockholm - premiers Jeux proprement universels. L'Américain Jim Thorpe, Indien de la tribu Aldonquin, remporte les épreuves du pentathlon et du décathlon. Sa performance impressionnante est telle qu'elle est même saluée par les grands hommes politiques. En 1913, on apprend que le champion a loué ses services comme semi-professionnel dans une modeste équipe de baseball, quelques mois avant de se rendre en Suède. La nouvelle, publiée dans un quotidien du Connecticut, parvient jusqu'à Lausanne, siège du Comité international olympique, le très conservateur gardien des valeurs défendues par le père de l'olympisme moderne, le baron de Coubertin ; pris la main dans le gant, Thorpe est obligé de rendre ses deux médailles d'or malgré des excuses publiques et de vaines tentatives de justifier la signature du contrat non par l'appât du gain, mais par le plaisir de pratiquer le baseball (il sera finalement réhabilité, et ses titres rendus, en 1982, 29 ans après sa mort).

L'affaire connaît un retentissement incroyable car non seulement l’opprobre est désormais jetée sur celui qui fut adulé comme le plus grand athlète du monde, mais c'est aussi la première fois que le CIO sanctionne un sportif pour non respect de la règle de l'amateurisme, qu'on disait immuable et sacrée :

"Les Jeux Olympiques réunissent les amateurs de toutes les nations sur un pied d'égalité aussi parfait que possible" ; Charte olympique 1921, Règlements relatifs à la célébration des Olympiades (la version de 1921 est la plus ancienne disponible sur le web).

Jeux interdits aux amateurs ?

L'athlétisme est souvent considéré
comme le sport le plus ancien.
Mais sait-on si Néandertal ne jouait déjà pas
à jeter des cailloux ou des javelots ?
Ce billet est le premier d'une série consacrée aux relations entre sport et olympisme, d'un côté, et amateurisme et professionnalisme, de l'autre. Le point de départ de l'initiative n'est pas à chercher dans l'ouverture des JO londoniens, qui aurait eu sur moi l'effet pareil à un électrochoc, mais plutôt dans une question que m'a posée celle qui partage ma vie, un soir, entre une cacahuète et un bretzel mal taillé : "depuis quand les professionnels participent-ils aux jeux olympiques ? Je croyais que, pendant longtemps, la compétition était réservée aux amateurs..."

Je n'avais pour seule réponse à apporter qu'une vague idée dictée par ma culture tant sportive que générale - rien qui puisse en tout cas satisfaire entièrement son appétit de savoir. Or, c'est un fait : les sportifs amateurs, quand il en reste, ne sont plus là que pour amuser la galerie et marquer gentiment l'histoire. Comment ? Pourquoi ? Quand ? La vision de ces points d'interrogation, serrés et droits comme des i, était insupportable ; ils n'attendaient que moi (qu'elle, en réalité) pour être abattus.

Deux surprises : 1/ trouver ce que je cherchais n'était pas si aisé, comme si le Comité international olympique avait effacé ses traces derrière lui, derrière son "crime". 2/ les Jeux ont une relation très ancienne et compliquée avec le sport amateur et le sport professionnel ; mille anecdotes et rebondissements qu'il aurait été difficile d'évoquer sur OS, dans un seul billet, et impossible de sacrifier tant l'Histoire du sport, ici convoquée, est un trésor. En espérant que vous aurez autant de plaisir à lire et à apprendre que moi à fouiller et à découvrir...

jeudi 26 juillet 2012

Thierry Roland n'est pas mort

Thierry Roland dans la légende des JO
La France du foot - mais pas seulement - peut sortir de son apnée après avoir porté nationalement le deuil de Thierry Roland : elle sait maintenant que son esprit est avec nous ; il s'offre quelque holiday dans la patrie des Rosbeefs à la peau pâle le matin et rougie par la bière des pubs dès onze heures...

Les Britanniques entament en effet d'une manière tellement british leurs JO de Londres. Les Jeux ne sont pas encore ouverts qu'une première bourde a été commise hier soir, à l'occasion du tournoi de football féminin qui a débuté, calendrier oblige, quelques heures avant la cérémonie officielle : sur les grands panneaux HD du stade aux trois quarts vide, le drapeau sud-coréen est apparu pour accueillir la sélection du nord de la péninsule ! On imagine la crispation et l'indignation des Nord-Coréens, insultés par cette assimilation à un peuple avec qui ils sont encore aujourd'hui en guerre.

L'histoire des Jeux est riche de ces anecdotes qui en font, pour une part, la légende. Thierry Roland himself la poursuit, profitant certainement de la pause du technicien pour incruster son message. Le père du "Il n'y a rien qui ressemble plus à un Coréen qu'un autre Coréen" persiste et signe pour le bonheur des uns et le malheur des autres, et entre définitivement dans l'histoire.

Coachez Rafa !

Chers lecteurs, à peine me releva-je de la déception d'un premier concours modestement truqué que je me lança dans un second challenge, le coeur il fut vrai vaguement en berne. Mais, cette fois, ma créativité fut sérieusement affectée par la nature de l'exercice : moins de liberté, moins de poésie, moins d'humour et moins de temps. "Bah, me dis-je alors à peu de choses près, où est le problème ? Si un film muet et personnel est impuissant à me faire gagner, une vidéo plate, sans prétention, en sera peut-être capable". Produisant pour produire, abandonnant donc toute dimension artistique, je me jeta à pleine voix dans la fosse aux lions - je devrais dire, aux toros puisqu'il s'agissait alors de donner, en moins de 30 secondes, un conseil de poker à Rafael Nadal (à gagner, ni queue ni oreilles prises sur un cadavre noir, mais un ticket d'entrée à l'étape barcelonaise de l'European Poker Tour).

Vois le résultat, et vote si le coeur t'en dit - mais uniquement si c'est le cas (ça se passe ici ; ma vidéo ne sera mise en ligne que lorsqu'elle sera validée par la haute Autorité du concours !).


Il est honnête de dire que, si cet exercice fut à moitié réussi de mon côté (la bonne moitié m'ayant été intégralement soufflée par ma plus fidèle lectrice), il l'a été (presque) parfaitement par un concurrent à qui, fair play, je rends hommage ("presque", parce que la longueur de la vidéo et le nombre de conseils promulgués sont non réglementaires...). Vois :

lundi 23 juillet 2012

Lille de la tentation

Le 5 juillet, un tribunal administratif
a maintenu son feu vert au projet.
Finalement, en dépit des procédures
OL Land devrait voir le jour...

Il est un temps que les moins de 1 an ne peuvent pas connaître, où la bande à Aulas excellait lors des très stimulantes périodes de chasse au nouveau talent et exerçait un magnétisme irrésistible. Durant les années 2000, Lyon était the place où vivre de grands mardis européens, le porte-étendard dont toute la France pouvait être fier et qui appliquait une politique relativement simple en puisant avec intelligence dans le vivier français (faisant, au passage, tourner l'économie française, au contraire du Paris contemporain).

Mais l'OL a pris de vilaines rides après avoir pris de drôles de virages (Perrin, Puel, Keita, Cissokho), vu ses cadres se dérober (Juninho, Cris) et s'être lancé dans des projets dantesques (entrée en bourse en 2007, pas cahotiques d'OL land). Le club ne suscite plus l'émerveillement ou l'espoir et peine à se renouveler - triste fin pour le roi de cette jungle. Le marché des transferts en est l'indicateur froid : les sujets de sa convoitise se font chiper, notamment, par le LOSC, la nouvelle référence, le dogue ayant réussi sa révolution dans l'ombre du lion. Après Martin et avant (peut-être) Mendes, c'est Sidibé qui tourne les talons à la cité rhodanienne.

N'enterrons pas Lyon ; après la nuit, vient le jour, soit ! Mais Lyon apprend la concurrence, la difficulté et l'humilité.

mercredi 18 juillet 2012

On ne regarde plus à la défense

Mangane ne jouera plus en France...
Debuchy réclame un billet de sortie. "Azpi", que l'OM a besoin de vendre pour envisager plus sereinement le prochain exercice, devrait rejoindre Londres où Chelsea a des vues sur lui ; l'opération pourrait se faire autour de 9 millions, une somme assez proche de sa valeur actuelle, mais qui pourrait rapidement enfler d'ici un ou deux ans... Et maintenant Kader Mangane, qui part dans la péninsule arabique, arraché à Rennes pour 3 millions d'euros... Bradée, la montagne sénégalaise de 29 ans n'a donné envie à personne en France. Les finances des clubs sont-elles à ce point mauvaises pour laisser filer l'aubaine ? Signer en Arabie Saoudite ne donne plus de complexe, pas plus à ceux qui s'offrent une retraite paisible et dorée en Chine, au Brésil, voire aux USA ; autant de championnats qu'il faut désormais regarder comme des rivaux crédibles. A surveiller.

Un attaquant de classe mondiale arrive, et les défenses se défont déjà - dans l'indifférence générale. Dans ce jeu des transferts et des chaises musicales, les fausses notes ne sont pas rares ; on se prend à douter que, tout compte fait, la Ligue 1 s'enrichisse de tels départs.

Paris tient sa vedette

En arrivant à Paris, Ibra devra gagner sa place
face à Bahebeck ou Maurice...
L'arrivée de Zlatan Ibrahimovic à Paris est-elle une bonne nouvelle ? Au risque de passer pour un papi sceptique et grognon, j'esquiverais en répondant que c'est d'abord une bonne nouvelle économiquement ; pour le fisc, d'abord, et pour la Ligue, dont le championnat national est ainsi chèrement revalorisé et pourrait maintenant attirer d'autres noms et susciter l'intérêt des diffuseurs étrangers et des sponsors.

Sportivement, l'affaire est plus risquée qu'il n'y paraît. Le Suédois trentenaire est hyper-talentueux et compte parmi les plus grands. Mais c'est un bad boy ingérable qui ne joue que pour lui, ne croit qu'en lui ; tout le reste est méprisable. Le PSG est un club difficile et bizarre, qui n'a pas besoin qu'on ajoute à ses habituelles crises automnales des crises d'égo. Or, de telles crises, il y en aura lorsque Ibra, gavé de millions, finira par se lasser de déplacements à Brest, Troyes ou Nancy, ou explosera à force de subir les huées inévitables du Parc. On salive déjà à l'idée de le voir exprimer, en conférence de presse, son "impatience de fouler les pelouses de ce beau championnat", tentant de justifier, par un jeu subtil à la Francis Huster, sa venue à Paris et de faire oublier le salaire le plus cher de l'histoire du football moderne (après celui d'Eto'o, devenu le jouet d'un milliardaire russe).

Il n'y avait pas pire affaire à réaliser que de faire signer Tevez ou Ibrahimovic. Les nouveaux propriétaires du PSG, étonnamment, se sont offerts l'un après s'être intéressé à l'autre. Tout est dit.

Woman Event

Le Main Event des World Series Of Poker, c'est le plus grand tournoi de poker au monde, celui à l'issue duquel LE champion du monde est désigné après une course d'endurance de 70 heures... Gaëlle Baumann est une joueuse professionnelle française qui a pris part à son premier ME sous les couleurs de Winamax. Elle a échoué aux portes de la table finale en se faisant (cruellement) éliminée en 10e position (sur 6598 participants).

Le verre à moitié vide ou à moitié plein ?

"Wonder Baumann" repart avec un chèque d'un montant de 590 000 dollars, mais ceci reste très anecdotique. On imagine le coup reçu par la compétitrice, connue pour son perfectionnisme autant que par sa simplicité. Aller aussi loin dans le tournoi le plus désiré du monde est sublime ; perdre si près du but est rude, surtout que le Hongrois qui la prive de finale n'était là que par la faveur d'une décision d'arbitrage rendue 3 jours plus tôt, après un embrouillamini des familles qui l'a opposé à Gaëlle (le joueur avait jeté ses cartes sans s'être aperçu qu'elle avait relancé derrière lui et qu'elle le couvrait ; les juges ont considéré qu'il n'avait pas abandonné...).

A chaud, la Française parvient à garder de la distance. La déception est perceptible, mais son analyse est incroyablement objective : "il aurait dû être éliminé ? C'était il y a 3 jours, c'est du passé. Je n'en veux pas aux superviseurs du tournoi, j'en veux à moi-même".

Chapeau, Gaëlle ! On a vibré.

vendredi 13 juillet 2012

Goods Deeds 2.0 : l'épilogue

Hello, hello ! Des nouvelles de "Good Deeds 2.0", le petit film réalisé avec l'aide précieuse de ma Kuzca dans le cadre d'un concours organisé par la room PartyPoker US et le joueur Daniel Cates ! Pas de scoop, je n'ai pas gagné, vous ne me verrez donc pas faire trembler (ou rire, vu que j'ai l'air plus doué pour ça !) les tables de l'Amazon Room du Rio, à Las Vegas. L'heureux gagnant a été désigné il y a dix jours : il est londonien et a posté une vidéo techniquement bien faite dans laquelle on voit Emily, une de ses amies, proposer des free hugs - vous savez, les "câlins gratuits" en pleine rue. Une poitrine surgonflée par un tee-shirt taille XS et le tour est joué ; dommage que le gagnant ne se soit pas mis en scène, ainsi que le règlement l'imposait... (amertume !?)

Le choix est justifié par son caractère "drôle et original". Mouais... Le Londonien avait également le soutien du fantasque Tony G., un francophobe notoire, sponsorisé par... PartyPoker ! On ne se demande pas par quel biais ce soutien lui est parvenu...

Plusieurs lots de consolation

J'y ai gagné beaucoup, finalement : une interview, diffusée sur le blog privé de PartyPoker US et reprise un peu partout, même en Suède ! Et puis, j'ai appris, en visitant des forums, que la communauté est divisée ("Génial ces free hugs ! Quelle imagination !") quand elle n'est pas dubitative. "C'est une vidéo de free hugs qui l'a emporté, sérieux ???" résume très bien le goût laissé par le choix de Cates du côté des sceptiques. Un commentaire qui fait du bien à lire, comme celui posté sur ce site anglophone. J'ai, pour moi, la sérénité du vaincu, le plaisir d'avoir donné vie à ce petit film sans prétention et celui du fair play. J'ai joué le jeu sans corrompre quiconque, ni concurrents ni public ni membres de PartyPoker ; ce qui ne fut pas le cas de la plupart, notamment du gagnant qui s'est presque prostitué (rien d'anormal, car cela reste dans la tonalité de sa vidéo... !) sur Twitter pour obtenir son ticket. See:


N'oubliez pas, si vous tombez le nez ou la souris sur un concours vidéo, de m'en faire part. L'expérience m'a vraiment beaucoup plu...

mardi 10 juillet 2012

La comédie française

Paris Sans Génie
Du grand n'importe quoi ; c'est ce qu'inspire le flot ininterrompu de noms de stars du ballon rond-de-cuir, qui circule bruyamment sur la voie de gauche du périphérique parisien, tous feux allumés, mais sans jamais marquer le temps d'arrêt nécessaire ou espéré à la porte d'Auteuil. Le parc des princes qataris peine encore à convaincre de la beauté du championnat de France, vendu comme le nouvel eldorado européen - après Manchester City, et avant qui (Anderlecht, Bâle, Odense) ? Le Qatar s'est acheté Paris, mais leurs moyens illimités donnent jusqu'ici davantage le tournis aux observateurs qu'aux premiers intéressés, à savoir les joueurs, qu'on imagine pourtant ardemment stimulés par leurs agents, clairvoyants quant aux perspectives de retraite surdorée ouvertes par la signature d'un contrat. Depuis mai, ont ainsi été annoncés Rooney (contre un chèque astronomique de... 150 millions d'euros), Ibrahimovic, Pato, Falcao, Van Persie, Hulk, Eto'o, Adebayor, Damiao, Cavani, Suarez, Dzeko, Villa, Higuain, Thiago Silva, Terry, Coentrao, Daniel Alves, Modric et même - soyons fous ! - Messi... Cela doit bien faire vivre des gens.

Who's next?
 
Il y a de la démence dans ces rumeurs ; ça se comprend, en vérité : quand on peut s'offrir tout et son contraire sans avoir la main tremblante, sombrer dans la folie doit être facile. D'où la nécessité d'être entouré par une intelligence ; une intelligence, plutôt qu'un réseau. Leonardo apporte-t-il l'un ou l'autre ? A vous de vous faire votre idée ; j'ai la mienne. Recruter Verrati, espoir italien de 2e division, pour 15 millions frise le ridicule, voire le scandale. Enfin, "recruter"... : le transfert est annoncé depuis une semaine, mais le joueur n'a apparemment rien signé - un douloureux rappel, pour Paris, que l'accord du club vendeur ne suffit pas.

Encore un nom - inconnu, celui-là - qui circule sans cohérence et à tombeau ouvert sur le périph' parisien. Quelle triste comédie...

dimanche 8 juillet 2012

Back in Legend

Photo : Reuters
Eternel Roger Federer. On l'a dit perdu. On l'a dit aux abois. En perte de vitesse, dépassé par la jeune génération ibérico-slave. On l'a dit en plein doute. Il a conquis ce dimanche son 7e titre sur le gazon béni de Wimbledon et retrouvé la place - sa place - de n° 1 mondial. Il entame ainsi, en cumulé, sa 287e semaine au sommet du classement ; nouveaux records à battre, exit Pete Sampras.

Inimaginable il y a quelques mois. Délicieuse reconquête du pouvoir, réalisée à Londres, dans son jardin anglais, contre Andy Murray, le régional de l'étape au comportement imbuvable sur les courts.

Welcome back, Sir Roger: you're a living legend.