samedi 28 juillet 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (3)

Le discours du baron (1892)

Pierre de Fredy de Coubertin
a 29 ans lorsqu'il prononce
son discours à la Sorbonne,
dont les derniers mots invitent
au "rétablissement des Jeux"
Olympisme et amateurisme partageraient peu ou prou les mêmes valeurs ; des valeurs communes - par nature ou par décret - apparaissant en creux dans le discours du baron Coubertin (le fameux Manifeste olympique). C'est que l'aristocrate a d'abord en tête un projet de paix via le développement de la pratique du sport à l'école : "il y a des gens que vous traitez d'utopistes lorsqu'ils vous parlent de la disparition de la guerre et vous n'avez pas tout à fait tort. Mais il y en a d'autres qui croient à la diminution des chances de guerre et je ne vois pas là d'utopie. Il est évident que le télégraphe, les chemins de fer, le téléphone, la recherche passionnée de la science, les congrès, les expositions ont plus fait pour la paix que tous les traités et toutes les conventions diplomatiques. Eh bien, j'ai l'espoir que l'athlétisme fera plus encore (...). Exportons des rameurs, des coureurs, des escrimeurs ; voilà le libre-échange de l'avenir et le jour où il sera introduit dans les moeurs de la vieille Europe, la cause de la paix aura reçu un nouvel et puissant appui".

"En France, les jeux de paume sont déserts ; on y échange des serments, mais on n'y joue plus (...). Les jeux populaires étaient tombés en désuétude, l'accaparement du droit de chasse résultant de la constitution de la grande propriété avait privé la petite bourgeoisie rurale de son plaisir favori et si l'on voit, ça et là, des boxeurs s'entre-tuer ou bien quelque course à l'aviron se disputer sur la Tamise, c'est entre professionnels, pour procurer aux spectateurs le plaisir de perdre leur argent en paris exagérés. Rien de sportif, rien d'athlétique". Les fondements de l'olympisme moderne et désintéressé sont ainsi jetés.

1 commentaire:

  1. Précision : Afin de mieux faire passer son message, le baron ira même jusqu'à justifier sa démarche en usant deux sortes d'arguments qui feraient sourire aujourd'hui : l'un, historique et à la tonalité guerrière (la victoire prussienne à Sedan s'expliquerait par l'éducation sportive et militaire reçue par les soldats au casque pointu ; à Paris, en effet, "on a fait la part trop belle à l'instituteur en oubliant un peu son collègue, le maître de gymnastique"), l'autre, scientifique (l'Académie de médecine ayant, semble-t-il sans trop de succès, appelé en 1888 les décideurs publics à réviser les programmes scolaires afin de faire place aux activités du corps et éviter le "surmenage intellectuel").

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