jeudi 29 septembre 2011

Dans le Grenier de l'OL...

Les fins de règne sont de ces choses qui sont inscrites dans les gènes du sport. Retarder l'échéance, faire face à l'irrésistible écoulement du temps comme à l'appétit des concurrents, les éternels seconds et les jeunes pousses qui, hier, vous regardaient avec deux billes rondes à la place des yeux... On dit souvent que durer constitue le véritable défi. Comme si l'histoire - avec un grand H - répugnait à retenir ceux qui ne sont que de passage là-haut.


Est-ce parce qu'au sommet, l'air y est rare ? Est-ce l'effet de la loi de la gravité ? Tôt ou tard, il faut revenir sur terre. L'Olympique lyonnais en a fait l'expérience. Le club n'est plus que l'ombre de l'épouvantail qui, il y a encore quatre saisons, écrasait le championnat de France par son collectif bien huilé qui impressionnait au-delà des frontières et suscitait les convoitises en Europe. La faute, en partie, à l'accumulation d'erreurs. L'OL est sorti des rails et a commencé à ne plus regarder à la dépense, donnant le sentiment de troquer son statut d'expert dans l'art de gérer son patrimoine humain contre celui de parvenu, mu par l'irrépressible besoin de vivre le train de vie des riches sans en avoir tout à fait les moyens - la folle illusion de l'égalité... Avoir confié la baguette à Alain Perrin et faire signer Keita et Cissokho pour plus de 15 millions chacun stigmatisent bien la rupture et la nouvelle existence décadente du club.

La transition semble mieux négociée maintenant, après trois années de turbulences. Avec Rémi Garde, l'homme posé du sérail, on s'attend à ce que l'avenir soit moins sombre, même si, objectivement, le bilan comptable des Lyonnais n'est pas si mauvais puisque l'OL a, chaque fois, décroché son ticket pour jouer dans la grande cour de la Ligue des Champions.

S'appuyer sur sa base m'apparaît à la fois comme une solution convenable pour avaler l'os de la fin de cycle et, surtout, le point de départ, raisonnable et indispensable, à toute nouvelle ascension vers les sommets. Claude Puel parti, l'envie, l'ordre et la sérénité sont de retour à Tola Vologe. Et les résultats s'en ressentent. La qualité de jeu n'est pas à la hauteur de celle du passé, mais les points s'empilent trois par trois. A pas feutrés, Lyon avance et a entamé sa révolution intelligente.


Assez pour prétendre au titre dès cette année ? Il faudra compter sur Lille, candidat à sa propre succession, et sur Paris, dont la Pastore-dépendance ne tardera pas à se faire sentir. Rémi Garde a toutefois plusieurs cartes dans son jeu : il y a, dans la jeunesse lyonnaise, un vivier incroyable, pourvoyeur d'internationaux en puissance. Dans l'ombre de Gonalons, dont on dit que 2011-2012 sera la première saison en pleine lumière, grandit un jeune joueur aux attitudes et aux gestes qui ne laissent pas indifférent. Appelé à camper le rôle de doublure de Yoann Gourcuff une fois sa cheville rétablie, Clément Grenier a déjà montré des qualités qui, bien qu'à mûrir, ne sont pas étrangères aux meilleurs. Rarement pris à défaut sur un contrôle, il voit les espaces et passe bien les ballons. Il est aussi habile tireur de coup de pied arrêté. Un vrai potentiel mis à jour dans les deux récentes confrontations en Champions League (à Amsterdam et contre Zagreb), qui n'est sans doute pas sans avoir pesé sur la décision, a priori surprenante et précipitée, d'avoir offert à Pjanic un week-end prolongé à Rome, quelques minutes avant la fin du mercato estival. Interprétons ce départ comme un signe de confiance en direction de l'international espoir, dont Gourcuff ferait bien de se méfier tant Grenier pourrait lui ravir in fine la place dans le onze s'il ne retrouvait pas très vite son niveau bordelais.

Voyons la chose du bon côté : l'équipe de France comme le club de Jean-Michel Aulas n'ont que des motifs de se réjouir de la concurrence en voie de s'installer.