jeudi 13 octobre 2011

En attendant demain

Dans les premiers temps de la rencontre qui a vu l'équipe de France arracher sa qualification directe au prochain Euro, en juin, je me suis demandé ce qui allait nourrir mon billet. J'ai longtemps oscillé entre un discours sur les origines de la ola, lancée à la 27e minute par un Stade de France plongé dans un ennui profond, et un mémo sur Intermeco, l'hymne national bosnien. Sans doute grandement aidé par le fait que le texte est introuvable (l'hymne n'a pas de parole...), ma décision a néanmoins dévié assez rapidement de ces cibles de substitution pour se reconcentrer sur le match - décisif - de mardi soir.

Paris reporte Safet

Au risque de vous surprendre, je ne vais pas verser dans le pessimisme ambiant. Je ne sais si une mouche m'a piqué, mais j'ai trop aimé la prestation des hommes de Safet Susic pour troquer mon sourire contre une grimace. J'ai aimé l'état d'esprit des premières minutes, l'occupation du terrain, leur pressing haut coordonné et la technique des milieux offensifs. Un bien beau collectif qui donnera du fil à retordre aux Portugais, en match de barrage.

Safet Susic, sélectionneur de la Bosnie et ancien meneur de jeu du PSG (1982-1991)
Évidemment j'ai envie de parler de nos Bleus, mais si la première mi-temps était d'une indigence rare, il faut aussi savoir reconnaître quand l'adversaire y est pour quelque chose. Car il a su profiter intelligemment des faiblesses d'un onze français tendu et apathique, et jouer un football décomplexé et offensif, à l'image de leur sélectionneur, ancienne gloire du PSG.

12e au dernier classement FIFA

Pour le reste, stigmatiser les folies d'Adil Rami ou le défaut de présence devant le but ne sert à rien d'autre qu'à brasser des vérités banales et stériles. N'ayons pas la mémoire aussi courte que les jambes de Valbuena : il y a un an, tout le monde s'accordait sur le fait que l'heure était à la reconstruction. Nous y sommes, les deux pieds dedans, et cela comporte son lot inévitable d'approximations, de crispations et de molle désaffection. Le temps ne semble jamais aussi long que dans ces périodes creuses, mais il ne faut pas se laisser aveugler : nous voulons tous offrir des leçons de football aux adversaires, jouer en confiance et susciter la crainte, gagner par quatre buts d'écart et célébrer une nouvelle génération de héros. Toutefois, la France est douzième au dernier classement de la FIFA et le pire est qu'elle est à sa place - être devancé d'un cran par la Grèce devrait être la seule cause objective de contestation.

Bien sûr, Ribéry, Abidal, Benzema ou Nasri sont des jolis noms sur la feuille de match. Mais, non seulement il y en a parmi eux qui n'offrent pas toujours leur meilleur rendement en Bleu ou qu'on ne voudrait plus revoir, mais il faut aussi regarder autour d'eux, ceux qui les accompagnent sur le terrain et le banc, quand ils ne sont pas à l'infirmerie.

Samir Nasri, après le penalty (78') qui offre le précieux ticket aux Français.
Nous sommes qualifiés après deux campagnes internationales ratées et traumatisantes. Nous sommes qualifiés avec des joueurs dont certains seront les cadres de demain - M'Vila, Martin, Gourcuff, Debuchy. La vérité est là, crue : nous sommes sortis en tête d'un groupe moyen avec des joueurs moyens ou en cours d'éclosion. Ménez, Rémy, Diarra, Hoarau, Kaboul, Cabaye, Gameiro, Rami ou Valbuena ne sont pas les alter ego de Bastian Schweinsteigger, de Xavi, de Rooney ou même d'Eden Hazard - ça se saurait et ça se verrait. C'est cet écart qu'il faut accepter de digérer.

Je ne suis pas d'un optimisme démesuré. Ce que je vois continue souvent de me faire hérisser les poils et je ne suis pas sûr de vibrer en juin. Je n'oublie pas non plus qu'il y a eu de bons passages lorsque l'heure n'était plus au calcul, mais à l'envie d'aller chercher quelque chose. Qui sait si, mardi soir, les sourires affichés après l'égalisation de Nasri ne signifiaient pas, plus que la délivrance, le début d'une belle aventure ?

Un groupe ne se construit pas sur décision, le temps n'a pas encore fini son oeuvre. Il faut savoir résister à la grogne collective et faire preuve de patience, car l'heure de faire les comptes n'est pas encore venue.

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