mardi 3 avril 2012

Au revoir, à jamais

De manière générale, l'horizon de l'homme est assez peu lointain et celui du footeux est sans doute encore plus réduit. Au fond, c'est mieux pour lui car il s'épargne ainsi d'infinis questionnements sur le pourquoi du comment d'un monde qui ne tournerait pas assez rond à son goût. Il faut cependant éclairer sa lanterne, ce soir, au risque de le plonger, au choix, dans un état aigu de haine ou de désolation : toi, le téléspectateur à peine excité par la perspective de l'élimination marseillaise, ne perds pas une miette de cette rencontre parce que, ne le sais-tu pas, le moment est historique.

Marseille à Munich pour l'histoire

Marseille revient à Munich dix-neuf ans après sa victoire de légende contre Milan. Le clin d'oeil à l'histoire cesse là : c'était à une autre époque, en un autre stade, et l'Allianz Arena, sublime à défaut d'être parfaitement écologique, est bien la seule qui risque de briller dans les yeux des fans marseillais.

L'Allianz Arena de Munich, by night.
En fait, quand je dis "moment historique", je parle d'une autre histoire, de notre époque, moderne, fortement exposée à la logique marchande et économique, la puissance de la loi de l'offre et de la demande pouvant suffire à définir une direction nouvelle, pas toujours de manière très visible. En ce sens, ces virages sont "historiques". Nous y sommes en matière de droits de retransmission des rencontres de la Ligue des Champions. Car la confrontation de ce mardi, entre le Bayern et l'OM, est a priori la dernière du genre que l'on verra diffusée sur une chaîne gratuite.


Le supporter, vache à lait de l'UEFA

Pour celui ou celle qui ne le sait pas encore - dans quel monde vit-il/elle ? -, le groupe qatari Al Jazeera a fait une razzia sur les droits de retransmission, notamment, de la Champions League (communiqué de l'UEFA du 5 déc. 2011). La stratégie est simple : occuper, ou plutôt s'offrir le marché audiovisuel du football européen en mettant sur la table autant de valises de dollars que nécessaire pour éliminer la concurrence. Résultat : les droits, divisés en lots, ont été attribués à Be in Sport (la future chaîne d'Al Jazeera), Canal + en conservant une petite partie ; exit, donc, TF1, Christian Jean-Pierre et la gratuité des matchs puisque, désormais, il faudra s'abonner à l'une ou l'autre des deux chaînes pour suivre les prochaines campagnes européennes.

Il y aurait bien une solution, calquée sur le cahier des charges de la Fédération qui impose que le diffuseur des matchs des Bleus garantisse la gratuité du service. Et, d'une certaine façon, cette clause est prévue par l'UEFA, qui a prévu que la finale doit être diffusée gratuitement, à charge pour la chaîne titulaire des droits de négocier un accord avec une chaîne lambda qui ne serait pas à péage (M6, TF1 ou France 2 - hum, Xavier Gravelaine pour la finale de la Champions League...). Le tempérament est bien faible, toutefois, pour nous, petits Français, qui désespérons de voir un jour un club de l'Hexagone marcher sur le toit de l'Europe. Faisons-nous une raison : nos mardis et nos mercredis pourront être mis à profit pour la lecture du soir aux enfants.

Nul doute que la décision risque de provoquer quelques aigreurs, mais demain seulement. Pour l'heure, seule la bière bavaroise risque de peser sur l'estomac des supporters. L'horizon humain est assez court, disais-je, et quand on voit ce qui se profile et la défaite qu'il y aura déjà à digérer, on se dit que ce n'est pas plus mal.

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