vendredi 3 août 2012

Jeux interdits aux amateurs ? (9)

Feu l'amateurisme ?

Le pré-retraité Larry Bird,
forme avec Michael Jordan et Earvin Johnson
le 3e élément de LA Dream Team,
médaillée d'or à Barcelone en 1992.
On ne peut contre la récupération économique des Jeux la même chose que contre leur récupération politique : rien. Les exclusions de Thorpe, mais aussi du coureur de fond Nurmi ou de l'Autrichien Schranz appartiennent bientôt au passé avec l'arrivée à la tête du CIO, en 1981, de Juan Antonio Samaranch, autre figure historique de l'Olympisme qui a juré d'ouvrir les portes des Jeux à tous les sportifs. C'est ainsi qu'une première page sera tournée en 1984 (le football français, qui monte pour la première fois sur la plus haute marche d'un podium international, lui doit énormément).

L'évolution sera progressive et continue (tennis en 1988, basket en 1992, cyclisme en 1996, etc.) et la Charte fera l'objet d'un lifting de forme et de fond pendant l'été 1991. Une nouvelle Règle 45 en résultera, qui régira les conditions d'admission des sportifs en lieu et place de l'ancienne Règle 26 (désormais, la Charte n'interdit que l'exploitation "à des fins publicitaires durant les Jeux Olympiques" de la personne, du nom, de l'image ou des performances du sportif). Faut-il la regretter ? Je ne le crois pas. Imposer l'amateurisme n'est pas indispensable si l'on considère que les Jeux sont, avant tout, la fête de tous les sports. Cela n'aurait aucun sens, sauf à considérer que la professionnalisation du sport est le fait du CIO ou que celui-ci l'encourage. Or, si l'on dénonce parfois les primes reçues par les médaillés, on ignore souvent qu'elles sont versées par les fédérations nationales et non par le CIO. Les Jeux vivent avec leur temps et le CIO, opportuniste, trouve dans cette nouvelle manne que représentent les équipementiers et les sponsors en tous genres des sources de financement qui les font vivre.

La rupture "politique" de 1981 n'a pas mis fin à l'amateurisme (la boxe persiste ainsi à envoyer des "amateurs", habitués à de modestes cachets pour leur combat). Les plus belles pages de l'histoire contemporaine des Jeux sont souvent écrites par des inconnus qui en font tous les 4 ans la légende (d'Eric Moussambani à triple champion olympique Tony Estanguet, en passant par Alain Mimoun ou, plus récemment, Hamadou Djibo Issaka). Mais sans l'ouverture, on ne nous aurait jamais offert la Dream Team... Il ne faut pas se tromper de cible. Ce sont les tricheries qui sont insupportables, la corruption, le dopage, l'absence de fair play. Ici comme ailleurs, ce sont aussi les excès, voire les dérives de la marchandisation du sport (les Jeux d'Atlanta sont souvent rebaptisés "Jeux de Coca-cola"). Qu'un athlète, au sens large, vive aujourd'hui de son sport ne me choque pas ; il n'y a que la démesure des contrats et des rémunérations qui me heurte. Quant à interdire par principe l'accès à cette fête mondiale sous le seul prétexte d'un statut professionnel, c'est une autre histoire.

1 commentaire:

  1. Je suis d'accord avec toi. Mais le fin de l'amateurisme - parce que même s'il reste des exceptions, les amateurs sont quand même rares - a tout de même un écueil. J'ai l'impression de voir toujours les mêmes têtes toute l'année. Usain Bolt qui gagne tous les championnats rafle les médailles olympiques, Phelps pour la natation, Federer au tennis... Bref, je trouve qu'une compétition avec plein d'inconnus pourrait être divertissante.
    Ensuite, je également d'accord avec toi à propos des excès et dérives qui sont finalement les plus gênantes. Quand on voit la politique de défense de la propriété intellectuelle entamée par le CIO pendant les jeux londoniens, ça me fait froid dans le dos. Et je me dis qu'il est peut-être dommage, quelque part que les jeux aient perdu leur âme.

    En tout cas, merci et bravo pour cette série de billets édifiante ! J'espère qu'il y en aura d'autres ! De toute façon, j'ai toujours plein de questions... Alors tu vas avoir de la matière !!

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