lundi 6 février 2012

Gentleman cabriolet

A l'instar d'un Raymond Domenech qui me manquerait un peu, Djibril Cissé a été - et reste - un bon client pour OS. Toutefois, si celui que l'on suit désormais sous la tunique rayée des Queens Park Rangers ("Quiou Pi Oare" pour briller dans la City) a essuyé des salves d'ironie au hasard de mon humeur d'ursidé, il n'a jamais été attaqué en tant qu'homme ; tout comme l'ancien sélectionneur. Oh, j'ai pu railler son style d'ado-millionnaire, calqué sur celui des producteurs de R'n'B, mais rien de très méchant. La plupart du temps, c'est sa technique frustre que je pointe du doigt. En clair, je lui reconnais des qualités de buteur très au-dessus de la moyenne, mais son profil ne me convient pas : je ne saurais pas comment le faire jouer sur un terrain.

Au vrai, le personnage Cissé provoque même sympathie et respect. Attachant, incontestablement. Un mec qui ne calcule pas, qui aime ses maillots autant que les bolides qu'il collectionne. Un destin hors normes et un moral en acier. Le Djib' est en effet revenu de très loin. Deux blessures graves qui forcent la plupart des mortels à dire adieu, à contrecoeur, aux pelouses de haut niveau. Le genre de blessures qui vous retournent l'estomac et vous filent soudain l'envie de vider vos tripes lorsque vous la voyez à l'écran.

Samedi, Cissé a été exclu à la 34e minute lors du match de son équipe, livré à domicile face à Wolverhampton, pour avoir chahuté physiquement l'auteur d'un tacle par derrière qui n'a, quant à lui, reçu qu'un carton jaune - sanction de droit commun en Premier League tant que la cheville demeure visiblement attachée au reste du corps.

Un fait de jeu, me direz-vous. L'expulsion est peut-être sévère, mais c'est ce qui arrive lorsque, saisi d'un irrésistible sentiment de violence, on saisit la gorge d'un adversaire pour se faire justice - une mauvaise justice - ou pour régler un compte. Essayons d'éduquer les sanguins, sinon de chasser ces images des yeux de nos enfants...

Certes. Mais, pour une fois, j'ai envie de m'asseoir sur la bonne morale car la réaction du joueur m'a touché, que je l'ai comprise et qu'elle m'a presque paru légitime. Le puni du soir a en effet twitté ça (pour les non-familiers, les messages se lisent de bas en haut...) :


Djibril explique sur son compte la raison de son comportement "stupide" - la peur de se blesser gravement une nouvelle fois - et demande pardon aux amoureux du club qui lutte, notamment avec Wolverhampton, pour rester parmi l'élite en Angleterre. A-t-il été conseillé ou contraint de communiquer ? On ne me surprendrait pas si l'on apprenait que le geste est spontané. Il me renverrait l'image que j'ai du joueur à l'excentricité aussi ostensible : un individu aux valeurs qui ne me laissent pas insensibles, au contraire de celles d'un autre attaquant (admiré ici pour ses prestations sportives) qui s'est aussi distingué ce week-end par un twitt qui alimentera les clichés sur ces professionnels aux cuisses mieux remplies que les têtes.


2 commentaires:

  1. Ca me donne en effet une autre image de Cissé. Pour moi, outre les blessures, il a toujours été associé aux hors jeux perpétuels. Mais c'est son style de jeu...

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  2. Cissé est un abonné aux hors-jeu, mais tu as raison, c'est là une partie de son jeu : contre les lignes adverses un peu hautes, partir dans le dos de la défense et cavaler (plus vite que tout le monde) et finir en puissance.
    En fait, j'ai vraiment beaucoup de respect pour l'homme et même le joueur. Ce n'est pas parce que personne n'a traversé les épreuves qu'il a dû traverser et que, sans faire de mauvais jeu de mots, il a su se relever à chaque fois. Mais parce qu'il ne triche pas, qu'il est d'une simplicité qui contraste absolument avec son style excentrique.

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